L'aphérèse est une technique coûteuse et invasive, déjà employée dans la prise en charge des hypercholestérolémies familiales résistantes aux statines. Des chercheurs britanniques ont proposé, lors d'une session Hot Line du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui se tient à Rome jusqu'au 31 août, de s'en servir également dans le traitement de l'angor réfractaire afin d'éliminer non pas le LDL-cholestérol comme c'est le cas chez les patients souffrant d'hypercholestérolémie, mais la lipoprotéine (a). La structure de cette dernière est similaire au LDL-cholestérol moins la protéine qui constitue son extrémité : l'apolipoprotéine (a).
« Un niveau élevé de lipoprotéines (a) est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant », explique le Dr Tina Khan de l'Imperial College de Londres qui a dirigé l'étude. On estime qu'environ 60 % des patients atteints d'angor réfractaire ont un taux de lipoprotéine (a) supérieur à 500 mg/L. Les chercheurs ont recruté 20 patients dont les taux de lipoprotéine (a) étaient supérieurs à 500 mg/L et un taux de LDL inférieur à 4 mmol/L, traités à l'hôpital Harefield. Pendant 3 mois, la moitié d'entre eux ont bénéficié d'une séance d'aphérèse hebdomadaire destinée à éliminer la lipoprotéine (a). L'autre moitié des patients subissaient une aphérèse simulée. Au bout des trois mois de traitement, les deux groupes de patients ont été laissés tranquilles pendant un mois avant d'être inversés.
Des effets cliniques à long terme à préciser
Les auteurs ont mesuré la réserve myocardique, ainsi que les capacités fonctionnelles des patients, leur qualité de vie et la sévérité de leurs symptômes.
La réserve myocardique est significativement augmentée de 0,63 chez les patients sous aphérèse comparés aux patients sous placebo. Au bout de trois mois de traitement, la réserve augmentait de 1,45 à 1,93 dans le groupe sous aphérèse, et n'était pas significativement augmentée après 3 mois de placebo. Les scores limitation physique, de stabilité de l'angor, de qualité de vie ainsi que la fréquence des épisodes douloureux étaient également fortement améliorés dans le groupe sous aphérèse. « Notre essai est le premier à montrer une amélioration de l'état des patients lorsque l'on élimine la lipoprotéine (a) de la circulation sanguine des patients, explique le Dr Khan. C'est une bonne nouvelle car l'angor réfractaire résiste aux traitements médicamenteux et aux techniques de reperfusion. Il faudra néanmoins mener davantage d'études pour en connaître les effets à plus long terme. »
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