Alors que la bronchiolite conduit chaque année à l’hospitalisation de 2 à 3 % des nourrissons, l’actualité récente laisse espérer de nouveaux moyens de prévention.
Mi-septembre, l’Agence européenne des médicaments (EMA) s’est en effet prononcée en faveur de l’autorisation d’un « agent d’immunisation passive » : le nirsevimab (Beyfortus, laboratoires Sanofi et AstraZeneca). Cet anticorps monoclonal antiviral pourrait devenir le premier outil de prévention de la bronchiolite indiqué chez tous les nouveau-nés et nourrissons au cours de leur première saison d’exposition au virus. Restera à chaque pays à se prononcer sur un éventuel remboursement et sa place exacte dans la stratégie de lutte contre la bronchiolite. En attendant, le nirsevimab devrait faire l’objet d’une étude en vie réelle et « sera administré largement cet hiver à des nourrissons dès la maternité (…) dans des hôpitaux dotés de centres d’investigation clinique », rapporte Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie.
La recherche d’agents d’immunisation anti-VRS est une « vieille histoire », rappelle le Pr Hervé Watier, immunologiste à Tours. Un premier anticorps monoclonal anti-VRS avait déjà été autorisé en 1999 : le palivizumab (Synagis). Cependant, comme le relève le Pr Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations, « ce produit est réservé aux enfants les plus à risque », comme les prématurés. De plus, les injections doivent être répétées pendant la saison hivernale.
Le nirsevimab, lui, présente une durée d’action prolongée de plusieurs mois. Aussi, une injection IM unique suffit à conférer pour toute la saison une protection efficace à 74 % contre les infections à VRS nécessitant une prise en charge médicale.
Quid du vaccin ? Parallèlement, la quête d’un vaccin continue malgré un parcours semé d’embûches. Un candidat vaccin inactivé développé dans les années 1970 s’est ainsi avéré associé à un surrisque paradoxal de forme grave, ce qui a « beaucoup freiné » les recherches chez le nourrisson, explique le pédiatre. Par ailleurs, « les vaccins développés jusqu’à présent sont relativement peu immunogènes et nécessitent plusieurs doses » alors que l’objectif est de protéger au plus vite des enfants de 3 à 6 mois, souligne Daniel Floret.
Ainsi, la recherche se tourne aussi vers de nouvelles cibles. À commencer par les femmes enceintes. « Mais il n’est jamais facile de faire accepter un vaccin aux femmes enceintes, et aucun (candidat) n’a pour le moment été capable de générer suffisamment d’anticorps maternels pour observer un effet après la naissance », déplore le Pr Floret. Et, pour le moment, les pistes les plus prometteuses ciblent surtout les personnes âgées, également à risque de forme grave.
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