Quel est l’impact de la retraite sur la santé ? Alors qu’au fil des projets de réforme, la question revient régulièrement sur le devant de la scène, les conséquences médicales de la fin de vie professionnelle apparaissent difficiles à déterminer. Car, comme le pointe un article de la revue Médecine Sciences, si « la retraite peut avoir des effets positifs ou négatifs sur la santé, à l’inverse, être en bonne ou en mauvaise santé peut conditionner la décision de rester ou non sur le marché du travail ». De fait, les statistiques concernant les arrêts maladie montrent qu’ils sont plus fréquents à l’approche de la retraite.
Cela étant dit, diverses publications ont rapporté des effets négatifs du départ à la retraite. À commencer par l’espérance de vie et le risque de décès. Ainsi, une étude américaine du Journal of Epidemiology and Community Health montre « que les adultes en bonne santé ayant pris leur retraite après 65 ans (ont) un risque de décès toutes causes confondues réduit de 11 % » par rapport à ceux ayant quitté leur activité professionnelle plus précocement, résume un rapport de l’Institut Montaigne consacré au « bien vieillir ». En outre, quelques études ont montré un effet négatif de la retraite sur la mobilité et la capacité à réaliser des activités quotidiennes, la dépression, l’obésité ou encore le tabagisme.
Réserve physiologique
Mais c’est surtout l’impact cognitif de la retraite qui semble pointé du doigt. « Ce que l’on sait, c’est que ceux qui continuent d’activer leur cerveau, notamment dans le cadre d’une activité professionnelle, vieillissent mieux, si bien qu’après 60 ans, chaque année de travail en plus réduit de 3 % le risque de développer une maladie d’Alzheimer », indique le Pr Nathalie Salles (SFGG). Un effet expliqué par l’hypothèse « use it or lose it », selon laquelle les capacités physiques et cognitives des individus seraient préservées tant qu’elles sont utilisées.
Moindre limitation des activités quotidiennes chez les femmes, baisse de la consommation d’alcool chez les hommes, voire même diminution du risque de dépression chez les ouvriers, etc. : certaines études associent toutefois la retraite à des bénéfices, du moins dans certaines populations. De plus, le départ à la retraite mettrait fin à l’exposition à divers risques professionnels, comme le stress, les accidents du travail, etc. Plus généralement, « l’hypothèse de “réserve physiologique” suggère que les individus posséderaient un stock de santé ou une réserve dans laquelle ils puisent au cours de leur période de travail », décrypte Médecine Sciences. Ainsi, « l’allongement de la durée de travail conduirait à épuiser davantage cette réserve, et donc à détériorer l’état de santé de l’individu ».
En fait, au-delà du travail, c’est surtout le maintien de stimulations – physiques comme intellectuelles – qui semble déterminant et positif pour la santé. D’où le développement du concept de « retraite active ». En la matière, les nouvelles générations de retraités feraient figure de bons élèves. « On voit qu’ils sont mieux informées de ce qu’il faut faire pour avoir une retraite en santé : on les voit marcher dans les forêts, s’engager dans des associations, s’inscrire à des activités artistiques, etc. », note le Pr Salles. Quoi qu’il en soit, à l’approche de la retraite, « les médecins de famille, déjà rompus à la prévention intégrative, doivent s’attacher à repérer les personnes vulnérables qu’un départ à la retraite pourrait fragiliser plus encore », conclut la gériatre.
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