Plus
de 60 % des patients à haut risque de maladies cardiovasculaires en Europe et plus de 80 % de ceux à très haut risque, ne sont toujours pas en mesure d’abaisser leurs niveaux de LDL-cholestérol [1]. « C’est le cas des patients souffrant d’hypercholestérolémie familiale sévère qui, même correctement traités, n’atteignent pas le seuil acceptable requis » a indiqué le Pr Éric Bruckert (hôpital Pitié-Salpétrière, Paris). « Or, comme l’a rappelé le Pr Jean Ferrière (CHU Toulouse), il existe bien un effet dose entre le taux de LDL-C et la mortalité à long terme en population générale. Selon recommandations européennes le taux de LDL-cholestérol est bien comme facteur de risque modifiable de maladie cardiovasculaire, elles préconisent que les patients à haut risque soient traités avec pour objectif un LDL-C ‹ 1 g/l et, pour les patients à très haut risque, un LDL-C ≤ 0,7 g/l » (2,3,4).
« Chez les patients souffrant d’hypercholestérolémie familiale homozygote, qui, en l’absence de traitement, ont un risque d’événements cardiovasculaires (IDM, AVC) multiplié par 13 par rapport à la population générale, il faut proposer un traitement précoce, le plus souvent avant l’âge de 10 ans », a expliqué le Pr Éric Bruckert, en soulignant que plus la maladie est grave, moins les résultats obtenus avec les hypolipémiants sont performants en raison de résistances pharmacologiques. C’est pourquoi les patients qui ont la forme homozygote de la maladie sont actuellement traités par une procédure lourde, la LDL-aphérèse.
Dans ce contexte, l’arrivée de biothérapies telles que l’evolocumab (Repatha, Amgen) ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques.
L’evolocumab, anticorps monoclonal entièrement humain, inhibe la PCSK9, protéine produite par le foie qui se fixe sur les récepteurs du LDL-cholestérol et induit ainsi leur dégradation, augmentant la concentration du LDL-cholestérol circulant dans l’organisme. En inhibant la protéine PCSK9 (5), l’evolocumab favorise l’expression des récepteurs aux LDL-C et réduit ainsi le taux de LDL-circulant.
Administré par voie sous-cutanée, l’evolocumab a été approuvé cet été par la Food and Drug Administration (FDA) et l’Agence européenne du médicament (EMA). Il est indiqué chez l’adulte présentant une hypercholestérolémie primaire (hétérozygote familiale et non familiale) ou une dyslipidémie mixte, en complément d’un régime alimentaire :
- en association avec une statine seule ou une statine associée à d’autres thérapies hypolipémiantes chez les patients n’atteignant pas les objectifs de LDL-cholestérol, sous statine à dose maximale tolérée ;
- seul ou en association avec d’autres thérapies hypolipémiantes en cas d’intolérance ou de contre-indication aux statines.
L’evolocumab est également indiqué chez l’adulte et l’adolescent à partir de 12 ans présentant une hypercholestérolémie familiale homozygote en association avec d’autres thérapies hypolipémiantes.
La décision de l’EMA s’est appuyée sur les résultats d’un vaste programme d’études cliniques qui ont montré une réduction des taux de cholestérol de 55 à 75 % par rapport au placebo (6,7). Le congrès de l’ESC s’en est fait également l’écho (8). Reste à déterminer l’impact de cet anti-PCSK9 sur la morbimortalité. Résultats attendus en 2017/2018.
(1) Halcox JPet al. PLoS One 2015;10(2)
(2) Seguro F et al. Archives of Cardiovascular Disease 2015, http : //dx.doi.org/10.1016/j.acvd.2015.04.003 ;
(3) Boekholdt SM. JACC 214;5(64) 485-94
(4) Cantapano A et al. ESC/EAS Guidelines for the Management of dyslipidemias. European Heart Journal 2011.
(5) Abifadel M et al. Nature Genetics 2003;34(2):154
(6) Raal FJ et al. Lancet 2015;385:331-40
(7) Stroes E et al. J Am Coll Cardiol 2014;63:2541-48
(8) Abstracts P1750, P5968
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