Si le tabagisme quotidien régresse en population générale, on constate que les femmes fument de plus en plus. « Entre 2000 et 2015, la prévalence a régressé chez les femmes de moins de 45 ans, mais elle a augmenté significativement chez celles de 45 ans et plus, correspondant sans doute à l’effet de génération des fumeuses de 20 ans dans les années 70-80 », souligne le Dr Anne-Laurence Le Faou, responsable du centre ambulatoire d’addictologie (hôpital européen Georges Pompidou, Paris). Or, « les femmes ont une vulnérabilité plus importante aux effets du tabac ». Ainsi, une étude britannique a rapporté qu’à exposition égale, elles présentent un risque plus élevé d'obstruction des voies respiratoires par rapport aux hommes. Les femmes ont en fait un métabolisme plus rapide de la nicotine et de la cotinine. Elles sont aussi plus sensibles aux substances cancérogènes présentes dans la fumée de cigarette que les hommes.
Conséquences de cette triste émancipation : en population féminine, le nombre de décès attribuables au tabagisme a doublé entre 2000 et 2014, le cancer du poumon est en passe de devenir la première cause de mortalité, l’incidence de l’infarctus du myocarde avant 65 ans a augmenté de 50 % entre 2002 et 2015 – vs 16 % chez les hommes –, etc.
Sevrage difficile Les femmes arrêtent de fumer dans l’intérêt de leurs proches plus que pour réduire leurs dépenses ou améliorer leur santé. Elles ont a priori les mêmes chances que les hommes d’y parvenir. En revanche, une revue de littérature portant sur 190 études a montré qu’elles ont davantage de difficultés à maintenir une abstinence à long terme. D'autres facteurs comme la crainte de la prise de poids entravent le maintien du sevrage.
Chez la femme enceinte, la prévalence du tabagisme au 3e trimestre était encore estimée à 16,2 % dans l’enquête nationale périnatale, réalisée en 2016 sur 12 399 femmes ayant accouché d’un enfant vivant. Même si cette prévalence est en baisse, persiste l’idée fausse selon laquelle on peut fumer quelques cigarettes par jour sans danger.
« En médecine générale, il est donc fondamental, à chaque occasion, d’encourager les femmes à arrêter et de leur prescrire les traitements efficaces afin de réduire au maximum leur temps d’exposition au tabac », conclut la spécialiste.
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