Parmi les formes atypiques d’allergie aux céréales, le syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires (Seipa) est reconnu depuis les années 1980. Cette allergie non IgE dépendante, à médiation cellulaire, se traduit par des vomissements survenant de 1 à 4 heures après l’ingestion, une diarrhée et des rectorragies de 5 à 10 heures après l’ingestion, avec léthargie et hypothermie. Il n’y a pas de signes cutanés. Le tableau peut être sévère, avec un état de choc par déshydratation dans de 15 à 20 % des cas. « Le Seipa aigu est une véritable urgence », a rappelé le Dr Habib Chabane (Paris). L’éviction entraîne la disparition des symptômes, qui réapparaissent en cas de nouvelle exposition à l’aliment ou de test de provocation par voie orale (TPO).
De nombreux aliments peuvent être responsables d’un Seipa, en premier lieu le lait de vache (44 %) et le soja (41 %), mais aussi les céréales (blé, avoine et riz), l’œuf, le bœuf et la volaille, les poissons et les crustacés, ou encore les légumes et légumineuses. Un exemple bien connu chez l’adulte est le Seipa à l’huître, qui peut découler d’une rupture de tolérance.
Dans les deux tiers des cas, un seul aliment est en cause, mais chez 26 % des patients, deux aliments sont incriminés, voire 3 dans 9 % des cas.
Un diagnostic plus difficile chez le nourrisson
Les modalités diagnostiques et de prise en charge du Seipa ont fait l’objet d’un premier consensus publié en 2017 par l’Académie américaine d’allergie, d’asthme et d’immunologie, basé sur une revue exhaustive de la littérature, qui fait 30 recommandations (1).
Chez le nourrisson le diagnostic peut être difficile, notamment en cas de Seipa chronique avant l’âge de 4 mois. Il se traduit par des vomissements, de la diarrhée et des troubles de la croissance, et peut concerner des enfants exclusivement nourris au sein, l’aliment en cause pouvant être consommé quotidiennement.
Chez l’adulte, le tableau est volontiers plus bruyant, mais de sévérité variable. Le diagnostic est avant tout clinique, facilement évoqué face aux symptômes typiques, et les explorations sont le plus souvent inutiles. Un TPO peut être réalisé en cas de doute, en respectant de strictes conditions de sécurité. Les prick tests aux aliments ne sont pas recommandés, sauf pour identifier un terrain atopique. Les IgE spécifiques sont absentes dans les formes typiques.
Les troubles tendent à disparaître après quelques années, le plus souvent entre 4 et 6 ans pour les formes pédiatriques.
« Ce syndrome doit être connu, car sa méconnaissance est une source d’errance diagnostique, a souligné le Dr Chabane. Il faut aussi lutter contre certaines idées reçues : oui, le riz et l’avoine peuvent être responsables d’allergies ».
D’après la communication du Dr Habib Chabane (Paris)
(1) Nowak-Wegrzyn A et al. J Allergy Clin Immunol. 2017 Apr;139(4):1111-26
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