L’augmentation du nombre de déformations crâniennes est une conséquence du couchage sur le dos, recommandé depuis les années 90. La fréquence des plagiocéphalies positionnelles est maximale à 4 mois (20 % des nourrissons), puis diminue à 3,3 % à l’âge de 2 ans. « 75 % des bébés présentant une plagiocéphalie positionnelle entre 18 et 48 mois la garderont par la suite, si rien n’est fait. C’est ainsi qu’entre 12 et 17 ans 2 % des enfants présentent des déformations du crâne, dont plus de 38 % avec des anomalies de la face », a précisé le Pr Arnaud Gleizal, chef du service de chirurgie maxillofaciale et stomatologie à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon.
De nombreuses conséquences
Sur le plan neurologique, ces déformations n’entraînent pas de retard mental. Cependant, il y a toujours débat sur l’association entre plagiocéphalie et retard de développement. Certaines études mettent en évidence un lien entre la plagiocéphalie positionnelle et une diminution de l’acquisition des compétences motrices, fonction de sa gravité. À l’âge scolaire, une augmentation des prises en charge spécifiques (orthophonie, ergothérapie, physiothérapie…) est retrouvée. Mais on peut se demander si ces retards et problèmes de développement sont la cause ou la conséquence de la plagiocéphalie…
En revanche, un torticolis congénital ou une asymétrie craniofaciale vont avoir plusieurs répercussions sur la statique rachidienne dans le sens transversal (ascension d’une épaule avec scoliose dorsale compensatrice) et dans le sens sagittal (perte de la lordose cervicale). Les conséquences douloureuses sont variables selon les cas.
Au niveau ORL, plusieurs articles font part d’une modification de l’audition chez les patients plagiocéphales, mais il existe de nombreux biais (otites à répétition…).
Si la déformation persiste après 18 mois, une consultation maxillofaciale annuelle est recommandée. Il existe souvent une désaxation des articulations temporomandibulaires, et une chirurgie peut être nécessaire. Enfin, l’asymétrie craniofaciale entraîne une asymétrie des cônes orbitaires qui peut avoir une influence sur la coordination des yeux dans les mouvements de latéralité ou de vergence.
Surveiller l'apparition d'un côté préférentiel
Aujourd’hui, le temps passé pendant les premiers mois de vie dans des dispositifs de maintien assis est plus important que le temps passé sur le sol ou dans les bras. Mais l’utilisation prolongée du cosy et du transat durant les premiers mois de vie, en limitant la motricité spontanée de l’enfant, favorise l’apparition des déformations crâniennes positionnelles, tandis que la mise en place d’un environnement autorisant une motricité libre et spontanée diminue la prévalence et la sévérité des plagiocéphalies. L’absence de côté préférentiel ou de déformation crânienne à 7 semaines de vie permet de prédire une forme de crâne normale à 5 ans. « Durant les premiers mois de vie, il est donc essentiel de surveiller l’éventuelle apparition d’un côté préférentiel. Dans ce contexte, l’introduction, surtout avant l’âge de 3 mois, de séances de kinésithérapie sur une courte période, associée à la mise en place de conditions environnementales favorisant une motricité spontanée de l’enfant, permet de réduire la plagiocéphalie », a souligné la Dr Ariane Cavalier, cheffe du service de pédiatrie du centre hospitalier du bassin de Thau. Même si l’évolution naturelle de la position préférentielle au-delà de 6 mois est toujours favorable, la précocité d’intervention est essentielle pour prévenir l'apparition d'une plagiocéphalie.
Ces conseils de prévention doivent être donnés pendant le séjour en maternité et la surveillance doit ensuite être étroite.
Table ronde « Plagiocéphalie positionnelle : une prévention possible, des prises en charge ciblées selon l’âge »
Article précédent
Ne pas banaliser les pleurs excessifs
Article suivant
De nouveaux probiotiques à l'essai
Ne pas banaliser les pleurs excessifs
Une motricité précoce à suivre de près
De nouveaux probiotiques à l'essai
La douleur négligée chez les nouveau-nés
La diversification précoce se confirme
Le b.a.-ba des troubles du langage
Des services dédiés au cancer des adolescents
Les biothérapies ont déjà 15 ans
Un score pour lever le doute sur l'APLV
Savoir distinguer les anomalies vasculaires
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature