Les recommandations nationales et internationales pour la prise en charge de l’hypertension artérielle sont fondées sur la mesure des pressions artérielles systolique et diastolique. Toutefois, l’ensemble de la courbe de pression est mieux représenté par deux autres mesures. La première est une composante continue, la pression artérielle moyenne, qui serait assurée par un débit cardiaque supposé constant. Du fait des battements cardiaques, il est également indispensable de représenter la courbe de pression artérielle en fonction des fluctuations de pression artérielle autour de la moyenne. Cette seconde composante, pulsatile, est la pression pulsée, ou différentielle entre la systolique et la diastolique.
D’un point de vue physiopathologique, le niveau de la pression pulsée reflète le degré de rigidité des gros troncs artériels.Cette augmentation s’observe donc préférentiellement chez les sujets âgés. En effet, dans ce cas, la vitesse de cheminement de l’onde du pouls est accélérée, entraînant un retour précoce des ondes de réflexion et une sommation de l’onde incidente et de l’onde réfléchie pendant la composante systolique de la courbe de pression.
Un critère prédictif des complications cardiovasculaires
L'augmentation de la pression pulsée, par accroissement de la rigidité artérielle, serait un meilleur critère prédictif des complications cardiovasculaires chez le sujet âgé que la pression artérielle moyenne. En effet, physiologiquement, alors que la pression moyenne reste stable, les pressions systolique et pulsée s’élèvent le long de l’arbre artériel. Cependant, lors de l’augmentation de la rigidité de la partie initiale de l’arbre artériel, ces pressions augmentent plus rapidement au niveau de l’aorte qu’en périphérie. Assimilables à des pressions centrales, elles seraient alors un meilleur moyen d’évaluer le risque cardiovasculaire que la pression artérielle mesurée en périphérie, simple reflet peu fiable de ces valeurs.
Le recueil de ces paramètres de vieillissement artériel, de rigidité et de signalisation vasculaire peut se faire par des méthodes non invasives. Les pressions artérielles périphériques systolique, diastolique et pulsée devraient ainsi être complétées par la mesure de la vitesse de propagation de l’onde de pouls et les caractéristiques de ses pics, données directement dépendantes de la rigidité artérielle. Or, la vitesse de propagation de l’onde de pouls et les caractéristiques de ses pics sont des déterminants indépendants du risque cardiovasculaire. L’étude de la fonction artérielle peut donc permettre de mieux évaluer ce risque, et peut être réalisée en pratique quotidienne de manière non invasive.
Très peu d’études contrôlées ont montré que la réduction de l’atteinte des organes cibles permettait, au-delà de la baisse tensionnelle, une réduction plus importante du risque. Or, l’artère est un organe cible, et une rigidité artérielle excessive est considérée comme un témoin de son atteinte. L’évaluation de la fonction artérielle pourrait constituer une aide au choix de la meilleure stratégie antihypertensive. Elle pourrait également permettre d’évaluer l’efficacité de celle-ci sur la réduction du risque cardiovasculaire global, au-delà de la baisse tensionnelle induite par le traitement. C’est ce que devrait montrer l’étude SPARTE (Stratégie de Prévention cardiovasculaire basée sur la rigidité ARTErielle) en cours…
D’après la communication du Pr Pierre Fesler (service de médecine interne, hôpital Lapeyronie, Montpellier)
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