Courrier des lecteurs

Des vacances toujours studieuses

Publié le 02/10/2020

Profitant d’un week-end prolongé durant l’été (et cet intermède était très mérité compte tenu des horaires à rallonge), je décide avec mon épouse d’aller me reposer dans la maison familiale. Cette période d’inactivité permet de retrouver certains membres de la famille, et de se replonger dans le passé.

Notre lieu de villégiature est situé en bord de mer, et tout naturellement nous profitons à cette occasion de la plage toute proche. Aussi, après avoir respecté les recommandations de nos Maîtres, nous avons décidé avec mon frère (il n’est pas professionnel de santé) d’aller vers 18 heures en bord de mer. Outre le fait qu’à cette heure les rayons du soleil sont moins agressifs, il est très agréable de se baigner car la foule a quelque peu déserté le sable fin de notre petite cité balnéaire.

S’installer en bord de mer, c’est une nouvelle fois l’occasion d’avoir des conversations concernant la politique, sur le devenir des enfants, et bien entendu on parle quelque peu de son travail mais sans réellement s’y attarder. Nous faisons très attention à ne pas crier comme des poissonniers (cela sans idée péjorative pour cette profession), et nous essayons d’être le plus silencieux possible pour ne pas attirer l’attention.

Cependant, à mon grand étonnement, je vois arriver une personne de sexe féminin dont l’âge avoisine bien les 70 ans, et qui rayonne par ses atouts ; lesquels ont été améliorés par l’adresse de confrères spécialisés dans l’esthétique. Cette dernière, qui visiblement a écouté très attentivement nos propos (elle avait visiblement rien d’autre à faire), s’est empressée de me demander si j’étais médecin généraliste (elle m’avait entendu parler de gardes de secteur avec mon frère).

En fait, « cette pauvre âme » avait oublié le traitement pour son hypothyroïdie à son domicile lyonnais. Désemparée par l’absence de son Levothyrox, elle souhaitait savoir s’il ne me serait pas possible de lui établir une ordonnance de ce médicament. J’ai eu quelques secondes de réflexions pour donner ma réponse : soit je lui proposais aimablement de lui faire cette ordonnance car, sans Levothyrox, elle court un réel danger, soit je lui explique que je n’ai pas d’ordonnance pour réaliser cette prescription, soit je lui explique qu’il n’est pas très poli de déranger un médecin sur son lieu de vacances ; surtout pour du Levothyrox, soit je lui explique avec les formes qu’un confrère qui travaille dans cette cité balnéaire va pouvoir lui faire cette prescription…

En fait, je lui ai dit que je n’étais pas médecin, et que le discours que je tenais concernait mon gendre. J’ai cependant rajouté qu’il n’était pas très poli de suivre les conversations de ses voisins de plage ; surtout lorsqu’on n’est pas invité à y participer ! Bref, en une pirouette, j’ai rembarré la fauteuse de trouble qui voulait obtenir une prescription à l’œil de Levothyrox. Je n’ai pas eu de remords de laisser notre charmante personne adepte du Botox sans ce précieux médicament, et je n’ai pas fait de cauchemars la nuit d’après.

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin