Alors que les cancers de la cavité buccale se dépistent simplement puisque facilement accessibles à l’examen clinique, ils souffrent paradoxalement d’un taux de survie à 5 ans faible de l’ordre de 40 %. Afin de sensibiliser les professionnels de santé à la nécessité d’une détection précoce, l’Institut National du Cancer (INCa) vient de lancer un module de formation destiné aux médecins généralistes, accessible sur son site Internet et dont nous vous rapportons ici les messages fondamentaux.
EPIDEMIOLOGIE
La France occupe une des premières places en Europe, en termes d'incidence, avec une estimation en 2005 de 7 500 nouveaux cas, dont 3/4 chez des hommes, et 1 875 décès. Les cancers de la cavité buccale sont deux fois plus fréquents que le cancer du col de l’utérus et aussi fréquents que le mélanome.
Les régions de la partie nord de la France sont particulièrement touchées. ? On observe une forte baisse de l'incidence et de la mortalité depuis 2000. Cette baisse est plus sensible chez les hommes en raison d'une diminution de la consommation d'alcool. En revanche, le nombre de nouveaux cas continue d'augmenter chez les femmes, notamment à cause de l'augmentation du tabagisme dans cette population.
Ces cancers sont des pathologies particulièrement létales puisque le taux de survie relative à 5 ans se situe autour de 40 %, mais ce chiffre est à différencier selon les sous-localisations : lèvre (95 %), langue (35 %), cavité orale (41 %). Ils peuvent provoquer des séquelles esthétiques chez les patients, et des conditions de vie particulièrement pénalisantes. La moyenne d'âge au diagnostic est de 61 ans pour les hommes et 65 ans pour les femmes. ?
FACTEURS DE RISQUE
Ces cancers sont largement attribuables à la consommation de tabac et d'alcool, avec un effet cumulatif tabac-alcool considérable : dans ce cas, le risque de cancer est multiplié par 15. D'autres facteurs de risque sont aujourd'hui identifiés : le cannabis dont la fumée fait inhaler six à sept fois plus de goudrons (benzopyrène) et de monoxyde de carbone que la cigarette, les radiations (les ultraviolets sont responsables de carcinomes épidermoïdes de la lèvre), les agents infectieux, une alimentation déséquilibrée, etc.
LA DÉTECTION PRÉCOCE, UN LEVIER D’ACTION EFFICACE
Le stade d’extension des cancers de la bouche au moment de sa découverte est un facteur pronostique majeur. Or 70 % des cancers sont diagnostiqués à un stade avancé T3 ou T4 (classification TNM). Beaucoup de patients consultent au stade de tumeurs avancées pour trois raisons principales : - les lésions pré-cancéreuses sont souvent peu symptomatiques, - les populations à plus haut risque (les personnes à forte consommation de tabac et d'alcool) sont typiquement les moins enclines à consulter, - et la population générale connaît peu ces cancers ainsi que les facteurs de risque associés.
Ainsi, tout adulte porteur de facteurs de risque doit faire l’objet d’un examen annuel de sa cavité buccale.
LES SIGNES RÉVÉLATEURS ET L’EXAMEN
Les principaux signes cliniques évocateurs d’un cancer de la cavité buccale sont liés au siège de la tumeur. Leur caractère unilatéral et/ou leur persistance doivent systématiquement faire rechercher un cancer.
-› Les principaux signes d’appel sont :
- la découverte d’une lésion buccale par le patient,
- une adénopathie cervicale isolée (30 % des cas),
- une odynophagie,
- un accrochage unilatéral à la déglutition, gêne persistante inexpliquée.
- Plus tardivement dans l’évolution : altération de la mobilité de la langue, otalgie réflexe à la déglutition, trismus, hypoesthésie labio-mentonnière.
-› Idéalement, l’examen clinique de dépistage se pratique avec un éclairage puissant permettant de garder les mains libres et le patient est assis face au praticien, la bouche à hauteur des yeux. Systématique et complet, l’examen doit déplisser l’ensemble des muqueuses à l’aide de ses doigts gantés et de l’abaisse-langue et terminer l’examen des replis par une palpation mono digitale. Bien entendu, les prothèses sont retirées.
L’examen s’effectue en quatre étapes : - les bords, la face inférieure de la langue et le plancher de la bouche, - le complexe palais mou, - les faces internes des lèvres et des commissures labiales, - les gencives.
LA CONDUITE À TENIR
Une anomalie physiologique ou une pathologie spécifique doit être traitée et contrôlée dans les 15 jours pour authentifier sa régression. Toute lésion persistante ou d’emblée suspecte doit donc faire l’objet d’un examen spécialisé ORL pour bilan lésionnel au niveau de l’ensemble des VADS et réalisation d’examens complémentaires.
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