Toujours très attendu mais rarement surprenant, le palmarès du « Point » semble consacrer chaque année les mêmes établissements. Mais paradoxalement, jamais dans le même ordre.
Si le centre hospitalier privé de Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine) a été sacré pour la neuvième année consécutive, ses poursuivants directs restent inchangés mais se sont livrés à un jeu de chaises musicales. L'hôpital privé du Confluent (Nantes) chipe la médaille d'argent à la clinique Jean-Mermoz (Lyon) désormais quatrième du classement juste derrière la polyclinique de Courlancy (Reims). Seule la clinique de l'Anjou (Angers) est éjectée du top 5 au profit de la polyclinique de Limoges.
C’est la même chose côté secteur public où on retrouve sur le podium les trois CHU récompensés l'année dernière. Seule différence, Toulouse vole la première place à Bordeaux. De son côté, Lille conserve la médaille de bronze devant les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique – Hôpitaux de Paris). Et sauf très rares exceptions, il est presque impensable de voir un centre hospitalier non universitaire dans les vingt premières places.
Changement dans la continuité
Pour certains acteurs hospitaliers, l’inertie est la principale leçon à tirer du palmarès du « Point ». Jérémie Sécher (SMPS, managers) l’assure, « le classement repose essentiellement sur le volume d’activité, ce qui favorise les gros établissements comme les CHU ». « Ça apporte de l’eau au moulin de ceux qui sont déjà en situation démographique favorable », abonde Maxime Morin, directeur du CH du Cotentin. Et de poursuivre, « quand on est en difficulté d’attractivité, les délais de prise en charge sont rallongés et les patients autonomes qui peuvent choisir un autre établissement ne s’en privent pas ».
Pour d'autres, c’est au contraire la relative versatilité du classement qui attire l’attention. Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), y voit la fragilité d’un système. « Si les choses changent à ce point-là dans d’aussi grosses structures, c’est lié à la vulnérabilité des ressources humaines », indique la psychiatre. Pour le Dr Philippe Cuq, coprésident du syndicat de chirurgiens Le BLOC, le yo-yo témoigne d'une incohérence méthodologique. « Il est difficile d’expliquer tous ces changements alors que les équipes restent », avant de conclure, « nos métiers ne vivent pas pour être classés ».
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