Gilles Noël (Vice-président de l’AMRF) : « Nous soutenons toutes les actions locales qui visent à améliorer l’accès aux soins des usagers en milieu rural »

Par
Publié le 02/02/2024
Article réservé aux abonnés
Gilles Noël, vice-président de l’Association des maires ruraux de France

Gilles Noël, vice-président de l’Association des maires ruraux de France
Crédit photo : DR

Image 0
Gilles Noël, vice-président de l’Association des maires ruraux de France

LE QUOTIDIEN : L’Association des maires ruraux de France (AMRF) défend-elle systématiquement les hôpitaux et maternités menacés ? N’y a-t-il pas des paris perdus d’avance ?

Nous soutenons toutes les actions locales qui visent à améliorer l’accès aux soins des usagers en milieu rural, mais nous n’arrivons pas avec un drapeau !

Pourriez-vous nous donner un exemple de mobilisation emblématique qui a payé ?

En 2018, l’agence régionale de santé avait décidé de fermer les urgences du centre hospitalier de proximité de Clamecy dans le nord-ouest de la Nièvre. Cet hôpital avait fermé sa maternité en 2008 et son plateau technique en 2010 pour réintégrer ces activités dans des sites de niveau 3. L’ARS avait décidé que, pendant la nuit profonde, les urgences seraient fermées et que les patients iraient dans le groupement hospitalier d’Auxerre à 60 km ou à Nevers, 75 km. Avec une association de défense de l’hôpital, nous avons mobilisé les élus et la population et établit un plan de réunions publiques.

Un soir, 120 personnes se sont déplacées pour se faire soigner « pour un syndrome posttraumatique dû à la fermeture d’urgences » ! Ce soir-là, l’hôpital a gagné 30 000 euros. Le lendemain, l’association de défense de l’hôpital a organisé une manifestation dans la ville. Nous avons déposé une Marianne ceinte d’une écharpe noire, signe de deuil. Ensuite, chacun des 64 élus est allé déposer son écharpe au pied de la statue, après avoir envoyé à la préfecture une lettre de démission le matin. Depuis lors, les urgences de Clamecy n’ont plus été embêtées. Cet été, les urgences n’ont pas fermé une seule nuit. Nous avons ainsi démontré notre mécontentement avec la société civile, les professionnels de santé, les élus et les pompiers main dans la main pour un territoire rural dans le nord-ouest du département.

Avez-vous dû également renoncer à défendre certains projets ?

Nous avons mesuré les limites de l’engagement local lors de la fermeture de la maternité d’Autun en 2023. L’argument de l’ARS a porté sur le fait que la sécurité sanitaire n’était plus assurée au sein de cette maternité. À la place, deux centres de péri-maternité à Autun et à Château-Chinon assurent le suivi des femmes avant et après l'accouchement. Un véhicule Smur a été mis en place. Il y a eu également deux manifestations importantes, qui n’ont pas eu d’effet réel.

Le maire d’Autun a considéré qu’il fallait abandonner cette maternité. Il n’était pas favorable à la fermeture mais il a abdiqué sur le principe des quotas de personnel soignant [la pénurie menaçant la sécurité et la continuité des soins, NDLR]. L’ARS est allée jusqu’au bout de son projet. Six mois après, l’édile s’est fâché avec l’agence et s’est senti berné. Ce n’est pas seulement la ville d’Autun qui fait vivre le service public hospitalier, mais bien le bassin de vie. Il n’y a pas d’exemples où nous ne pensons pas y arriver. Nous essayons toujours de “boxer” !


Source : Le Quotidien du Médecin