À trois mois d’une fin de mandat chahutée, l’assemblée générale de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a élu vendredi dernier son nouveau président. Une AG exceptionnelle qui fait, en effet, suite à la destitution mi-mars du président d’alors, Nicolas Lunel, révoqué pour « manque de transparence, d’écoute et de co-construction ». Jusqu’au début de l’été, c’est donc Alexis Loupan qui assurera la présidence de l’association carabine. L’étudiant en 4e année de médecine à l’Université Paris Cité était jusqu’alors vice-président, en charge des partenariats à l’Anemf, et il ne sera pas candidat au renouvellement de son court mandat.
« Cette élection signe le début d’un renouveau pour la structure, plus prête que jamais à relever les multiples défis de ces prochains mois », se félicite le bureau de l’Anemf. La présidence d’Alexis Loupan devrait notamment se concentrer sur la mise en place de la réforme du deuxième cycle (R2C), entamée à la rentrée dernière et qui patine encore. « La R2C est l’une de nos priorités, nous allons notamment travailler sur la possibilité pour les étudiants d’obtenir des simulations de classement pour le matching, dans chaque groupe de spécialités, avant le classement final pour l’internat », détaille au « Quotidien » Alexis Loupan. Un matching qui devrait remplacer dès 2023 les épreuves classantes nationales (ECN), mais dont les contours restent encore à affiner. L’Anemf souhaite ainsi veiller à ce que « les étudiants bénéficient d’une préparation adaptée aux nouvelles modalités des épreuves ».
Indemnité inflation
Le tout nouveau président de l’Anemf entend également « pousser pour que les référentiels des collèges de spécialités soient publiés le plus vite possible ». Car, à huit mois de l’entrée en vigueur de la réforme, certains supports de révisions n’ont toujours pas été mis à jour pour intégrer les nouveaux programmes. « Ça devient très compliqué pour les étudiants de réviser », souligne Alexis Loupan, qui fait, lui aussi, partie de la première promo concernée par la R2C.
Aussi, « ces trois prochains mois seront marqués par la nécessité de poursuivre le combat contre la précarité qui gangrène nos études », espère l’association d’étudiants qui réclame notamment une revalorisation de l’indemnité de transport, jugée trop faible « alors que les prix de l’essence grimpent et que des externes doivent parfois faire beaucoup de route vers leurs lieux de stages », insiste Alexis Loupan.
Second cheval de bataille d'ici à l'été : l’indemnité inflation de 100 euros, « que beaucoup d’étudiants en médecine n’ont pas encore touchée, alors qu’on nous avait dit que cela devait être réglé au plus tard fin février », avance le président de l’Anemf, qui reçoit régulièrement des remontées de carabins de toute la France. « Le Crous et les CHU se renvoient la balle sur qui doit verser cette indemnité », raconte-t-il. Santé mentale, accès au soin et violences sexistes et sexuelles feront également partie des chantiers de cette fin d'année universitaire.
Haro sur la coercition
E outre, l’élection d’Alexis Loupan intervient à une semaine du premier tour de la présidentielle et l’Anemf compte bien faire entendre sa voix « pour faire résonner la parole des étudiants en médecine, engagés de longue date dans la recherche de solutions pérennes aux problématiques d’accès aux soins ».
À l’unanimité avec leurs collègues internes et jeunes médecins, les étudiants souhaitent à nouveau affirmer leur opposition à toute mesure coercitive. « Nous y sommes très opposés, lorsqu’Emmanuel Macron parle de conventionnement sélectif, c’est une forme de coercition déguisée, une atteinte à la liberté d’installation », estime Alexis Loupan.
Alors que la destitution de Nicolas Lunel était intervenue suite aux critiques répétées d'élus étudiants locaux, qui déploraient un manque d’écoute et de remontées nationales de leurs revendications, l’Anemf assure que « l’ensemble du bureau national continuera de se battre aux côtés des représentants étudiants pour défendre les droits des étudiants en médecine ».
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