LE QUOTIDIEN : Avez-vous eu recours à un institut privé pour vous préparer au concours de première année de médecine ?
CAMILLE TRICART : Non, je ne me suis pas inscrite à une prépa privée en PACES car je n'en avais pas les moyens financiers. J'étais à la fac de médecine de Limoges où j'ai suivi le tutorat qui est gratuit et a une bonne image. À l’époque, il y avait deux séances par semaine de deux heures, uniquement le soir. Il était composé de sous-colles, petits groupes d'étudiants qui planchent sur des questions à choix multiples (QCM) sur les différentes matières. À chaque séance, la sous-colle était réalisée dans des conditions d'examen. Elle était corrigée dans la foulée par des étudiants mais était supervisée par des professeurs. Nous étions environ 200 élèves inscrits sur les 700 de la première année. J'ai doublé ma P1 et je me suis réinscrite au tutorat. Toujours par manque de moyens mais aussi par conviction personnelle, je n'ai pas fait de prépa privée. Je ne voyais pas ce que ça m'apporterait de plus que le tutorat. Concrètement, c'était la même chose. Arrivée en deuxième année, j'ai moi-même fait partie de l'équipe du tutorat. Je préparais les sous-colles et leurs corrections. La pédagogie et surtout le soutien apporté aux étudiants m'ont plu.
À la fin de votre second cycle, vous êtes-vous inscrite à une conférence privée pour préparer les ECN ?
Oui. Comme il n'y avait pas de tutorat dans ma fac, j'ai fait comme deux tiers de ma promo, je me suis inscrite à une conférence privée pour m'entraîner. À Limoges, j'avais le choix entre trois écuries : Conf +, Hermes et Hippocrate. J'ai choisi Hermès. Le prix était d'environ 1 000 euros pour l'année. Je l'ai suivie dès la 5e année. J'étais secrétaire d'Hermès (récupération des copies, publication des notes, etc.), ce qui me permettait de bénéficier d'une réduction importante sur les frais d'inscription. La conférence était programmée tous les dimanches après-midi sur 10 mois. Nous avions 4 à 6 cas cliniques à travailler chez nous la semaine, puis un cas clinique inconnu à rédiger pendant la conférence. Toutes les corrections étaient effectuées par des chefs de clinique de la spécialité du cas présenté, qui avaient été bien classés aux ECN. Nous avions aussi des épreuves de lecture critique d'articles (LCA), préparés chez nous et corrigés en conf. Enfin il y avait deux examens blancs, l'un en décembre l'autre en mars-avril. Ils aboutissaient à un classement national auprès de tous les étudiants inscrits dans la même conférence.
Avec le recul, cette préparation privée a-t-elle été bénéfique ?
Dans les grandes villes, il y a beaucoup de pression et ces entraînements privés semblent indispensables. Les concours blancs sont l'une des principales motivations des étudiants car ils permettent de se positionner face aux autres candidats. Les confs constituent de bons entraînements. Les cas cliniques ressemblent beaucoup à ceux des ECN. Les candidats sont mis en situation réelle, ils ne sont pas seuls chez eux avec leur chronomètre. Les conférences privées aident à gérer le temps de révision et le stress mais elles restent chères. Elles profitent que les facs ne nous entraînent pas assez pour l'instant. Cela devrait être gratuit et compris dans la formation initiale. D'autant plus que les salaires d'un externe sont compris entre 100 et 200 euros par mois. C'est un système un peu injuste.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale