En juillet dernier, ils étaient une quarantaine de très bons élèves parisiens à avoir été recalés en médecine. Après une épreuve orale jugée injuste, tous avaient perdu plusieurs centaines de places dans le classement, les privant de facto d’accéder en deuxième année à l’Université de Paris (ex-Paris Descartes). Après un recours au tribunal administratif – rejeté cet été – et une grève de la faim, les étudiants parisiens ont fini par obtenir une première victoire au Conseil d’État fin décembre.
Urgence reconnue du recours
Dans une décision datée du 21 décembre, la plus haute juridiction administrative annule la décision du juge des référés, qui estimait, mi-août, que la situation de ces étudiants n’était pas urgente. Le juge estimait alors que les élèves parisiens avaient toujours la possibilité de retenter l’admission en médecine via une autre filière : la licence d’accès santé (L.AS). Mais quatre mois plus tard, le Conseil d’État tranche sur ce point en faveur des jeunes jugeant que « le juge des référés a omis d'apprécier l'ensemble des circonstances ». La juridiction précise que ces étudiants inscrits en PASS « ne peuvent redoubler dans la même formation », d’où l’urgence de la situation. Par ailleurs, le Conseil d’État rappelle qu’en L.AS, « les enseignements sont sensiblement différents de ceux suivis en PASS ».
« Ce n’est pas la fin du combat, mais c’est une petite victoire », réagit Ilan* pour « Le Quotidien ». Après 20 minutes d’oral, l’étudiant avait perdu une centaine de places au classement. Une relégation qui l’avait privé de l’accès en deuxième année de médecine. Avec des questions sur les montres connectées, le financement de l’Assurance-maladie, ou encore la présentation de l’enseigne de l’ex-chocolaterie « Au Nègre joyeux », les étudiants – regroupés à l’été au sein du Collectif Pass UP – jugeaient l’épreuve orale arbitraire et mal préparée. « J’ai perdu 450 places suite à l’oral, j’ai vu mon rêve s’envoler », se désolait Juliette.
Pas de réintégration pour l’heure
Si « le Conseil d’État confirme qu’une erreur a été commise », la procédure est loin d’être terminée. Le recours sur le fond va suivre son cours – pour réintégrer ou non ces étudiants à la filière médicale – mais devrait prendre des mois. Depuis octobre, en médiation est en cours au sein de la faculté parisienne.
Toutefois, la décision du Conseil d’État précise que la réintégration de ces étudiants lésés… « aurait nécessairement pour effet d'affecter la situation d'étudiants admis en deuxième année », en perturbant « significativement l'organisation de la filière santé de l'université de Paris ». En réhabilitant les membres du Collectif Pass UP, l’université devrait automatiquement organiser de nouvelles épreuves orales et « établir un nouveau classement », souligne la haute juridiction. Inconcevable alors que les cours ont commencé depuis septembre.
« Nous ne nous laissons pas aller »
Après cette « promo crash-test », l’Université de Paris a adapté les épreuves orales d’admission en médecine. Si les sujets pourront toujours concerner des domaines éloignés de la santé, la notation devrait être ajustée pour une répartition plus équitable.
D'ici là, les étudiants recalés continuent leur parcours en licence, espérant repasser le concours en deuxième ou troisième année. « Nous ne nous laissons pas aller et continuerons à donner le maximum », tient à souligner Ilan, « même si cela reste difficile psychologiquement ». Si la majorité d’entre eux ont poursuivi leurs études dans cette voie, « certains ont pris la décision de quitter l’université de Paris », précise-t-il.
*Le prénom a été modifié
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