Le travail entrepris ces dernières années par les Prs Couraud et Pruvot a permis de dégager des priorités. Étudiants, internes, chefs et hospitalo-universitaires s’accordent sur la nécessité de réviser la formation des futurs médecins. Derrière la refonte des maquettes et les ajustements docimologiques, se cachent des enjeux plus sensibles : l’accès au post-internat et en filigrane au secteur II. Tour d’horizon d’une réforme délicate.
• Le « big bang » des diplômes
La réforme vise à faire du diplôme d’études spécialisées (DES) un sésame suffisant vers l’exercice. Les diplômes complémentaires (DESC) seront supprimés et les maquettes des spécialités révisées. Des formations spécialisées transversales (FST) verront le jour.
Selon un projet d’arrêté dont « Le Quotidien » s’est procuré une copie, une quarantaine de DES seront proposés aux internes disponibles. La gériatrie, la médecine d’urgence et la médecine légale vont devenir officiellement des spécialités. Le débat fait rage sur la création d’un DES d’allergologie et immunologie clinique. Un grand ménage sera opéré sur les spécialités chirurgicales : la chirurgie générale va disparaître. Des DES spécifiques seront créés en chirurgie orthopédique, pédiatrique, plastique, thoracique, vasculaire, viscérale et digestive, et en urologie. La durée des DES (de 4 à 6 ans) sera précisée dans un futur arrêté.
Les enseignants souhaitent que l’internat de médecine générale passe de 3 à 4 ans mais les internes s’y opposent.
• Un internat en trois phases
Le nouveau DES comportera trois phases d’apprentissage : une phase « socle » permettant la découverte de la spécialité, une phase d’« approfondissement » et une phase de « mise en situation », aboutissant à une prise de garde senior – les internes s’opposent à l’appellation de mise en responsabilité qui sous-entend selon eux une exposition juridique trop importante au regard de leur statut.
Les stages pourraient être agréés pour l’une ou l’ensemble de ces périodes de formation en fonction de leurs spécificités. La thèse de médecine et le mémoire de DES seront couplés de façon à ne garder qu’un unique travail personnel rédactionnel.
• Davantage de stages en ambulatoire
Le constat est partagé : la formation reste trop hospitalocentrée. Les différents acteurs souhaitent ouvrir plus de terrains de stage en cabinet libéral ou en établissement privé. Cette demande est particulièrement portée par les internes de médecine générale (ISNAR-IMG). « Nous souhaitons que les futurs généralistes puissent passer la moitié de leur internat (3 semestres sur 6) en ambulatoire mais cela nécessite de continuer à recruter des maîtres de stage », explique Trystan Bacon, président de l’ISNAR-IMG.
• Un portfolio pour valider les acquis
Afin que chaque interne puisse justifier ses « états de service », les portfolios numériques déjà utilisés dans certaines disciplines pour suivre l’acquisition des compétences propres à chaque spécialité seraient généralisés. Ce système de validation des acquis pourrait également servir tout au long de la carrière du médecin pour l’obtention de diplômes supplémentaires (DU, DIU) ou la réalisation d’actions de DPC.
• De nouvelles conditions d’accès au post-internat
Le nombre de places de post-internat (clinicat, assistanat) étant très insuffisant pour satisfaire les nouveaux internes de plus en plus nombreux, le clinicat pourrait être réservé aux futurs spécialistes qui envisagent de faire une carrière hospitalo-universitaire et pour lesquels il est absolument nécessaire. « Il ne s’agit pas de faire de tous les internes des ultras spécialistes de pointe, déclare le Pr Schlemmer. Dans les mois à venir, nous devrons considérer quelles peuvent être les conditions d’accès à un post-internat, spécialité par spécialité, en tenant compte des besoins démographiques et du projet professionnel des uns et des autres. »
• Un accès plus restreint au secteur II ?
C’est le dossier délicat. Si l’obtention d’un post-internat devient plus difficile pour les médecins qui souhaitent s’installer en libéral, la possibilité de pratiquer des honoraires libres pourrait être mécaniquement « contingentée », confie un hospitalo-universitaire. Le sujet inquiète les internes. « Le ministère de la Santé nous a assuré que la question du secteur II ne serait pas tranchée avant l’élection présidentielle », assure un spécialiste du dossier.
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