Des prépas aux études de santé dès le lycée

Publié le 05/05/2023
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Sans supprimer la sélection en première année, la réforme de 2020 a fortement modifié les conditions d’accès aux études de santé. Elle oblige ainsi les organismes privés de préparation à modifier leur offre.
Les vœux révèlent chaque année la popularité des études de médecine auprès des lycéens

Les vœux révèlent chaque année la popularité des études de médecine auprès des lycéens
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les vœux exprimés sur Parcoursup révèlent chaque année la popularité des études de médecine auprès des lycéens. Et, même si la réforme des études de santé de 2020 a remplacé le numerus clausus par un numerus apertus, elle n’a pas pour autant supprimé la sélection pour accéder à la deuxième année des études médicales. Elle a, au contraire, créé de la confusion et du stress chez les étudiants notamment en créant deux voies d’accès à la deuxième année soit via le Parcours accès spécifique santé (PASS), soit via une Licence accès santé (LAS).

L’aide à la préparation pour passer cette première année des études de santé apparaît alors comme un passage obligé pour les étudiants. C’est pourquoi certains d’entre eux se tournent vers les cours de prépas privées proposés en parallèle des enseignements de leur faculté de médecine afin de mettre toutes les chances de leur côté. Un système qui existe depuis que le concours a été créé et qui « profite surtout du stress des étudiants, si bien qu’aujourd’hui, on estime qu’environ 65 % des étudiants en première année suivent les enseignements de ces organismes privés », explique Pierre Tatincloux, vice-président de l’Association nationale des étudiants de médecine de France (Anemf).

Donner un temps d’avance

La réforme de 2020 a incité les prépas privées à diversifier leur offre ne serait-ce que pour proposer des formations adaptées aux deux types de parcours maintenant disponibles. De fait, ces établissements privés proposent de nombreuses formules adaptées aux étudiants de PASS mais aussi adaptées aux matières mineures des LAS. « Nous aiguillons nos étudiants vers les connaissances et les compétences à acquérir en leur indiquant lesquelles méritent d’être approfondies ou non », détaille Nicolas Pernodet, responsable pédagogique chez Cours Galien. Les offres comprennent notamment des enseignements complémentaires, des accès aux polycopiés, des QCM ou encore des examens blancs. À cela s’ajoute un accompagnement personnalisé afin de conseiller au mieux les étudiants et leur donner les clés pour passer l’étape de la sélection.

Mais la réforme de 2020 a également supprimé la possibilité de redoubler le PASS. C’est pourquoi les établissements privés se tournent maintenant vers les lycéens. Certains proposent une année de formation intermédiaire entre la Terminale et la première année de médecine. Cette année intermédiaire, ou P0, doit donner aux futurs étudiants en santé un temps d’avance avant d’intégrer la première année. Elle ne permettra toutefois pas forcément aux étudiants de se démarquer vis-à-vis des autres car les universités, garantes de l’égalité des chances, « sont peu disposées à avantager ceux qui ont suivi cette voie vis-à-vis des néo-bacheliers », observe Nicolas Perdonet.

C’est pourquoi, dans l’idée d’accompagner les étudiants le plus tôt possible, ces prépas privées proposent également des formations de préparation dès la Première ou la Terminale. Ces stages en parallèle de l’année de lycée veulent non seulement donner aux élèves de l’avance sur le programme de première année mais aussi les rassurer et leur donner un rythme de travail propre à l’université. L’idée étant également d’aider ces élèves à améliorer leurs résultats scolaires afin de présenter un meilleur dossier à Parcoursup, « le premier filtre de sélection vers les études de santé », précise Nicolas Pernodet.

Réussir sans prépas ?

Même si ces établissements affichent des résultats positifs, ils présentent plusieurs défauts, selon le vice-président de l’Anemf, convaincu que l’on peut réussir sans passer par ces établissements. « Les examens se déroulent sur la base des cours donnés par les enseignants d’université alors que les prépas privées n’y ont pas forcément accès. D’où un certain manque de fiabilité du contenu de leurs enseignements », témoigne-t-il. Ce qui selon lui rend ces enseignements moins pertinents au regard des programmes. De plus, ces formations complémentaires ont bien évidemment un coût, qui augmente d’ailleurs régulièrement. La dernière enquête sur le coût de la rentrée menée par l’Anemf révèle qu’il est en moyenne de 6 760,17 € pour un étudiant de PASS (4 143,51 € en LAS) suivant les enseignements d’un organisme privé et un programme de tutorat mis en place par les universités de médecine. Un même étudiant ne suivant que le programme de tutorat ne paye en moyenne que 1 375,06 € en PASS, sensiblement la même chose qu’en LAS (1 320,11 €).

Ces tutorats mis en place pour encadrer les étudiants de première année constituent « une véritable alternative aux prépas privées », affirme le vice-président de l’Anemf. Un sondage réalisé par l’association à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines a montré que les étudiants jugeaient plus favorablement le tutorat que les trois établissements privés présents à l’université. « Il est important que les lycéens se renseignent sur les différentes options qui s’offrent à eux et choisissent la méthode qui leur convient le mieux », conclut Pierre Tatincloux.

Antoine Vergely

Source : Le Quotidien du médecin