La mission sur le fiasco des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) 2017 menée par les inspections générales des affaires sociales (IGAS) et de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) touche à sa fin.
Si le rapport n'a pas encore été officiellement rendu à Agnès Buzyn, ministre de la Santé et à Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, – il le sera dans quelques jours – « le Quotidien » a pu prendre connaissance en exclusivité de ses conclusions.
En juin dernier, le recyclage de dossiers cliniques progressifs (DCP) avait entraîné l'annulation de deux épreuves et leur recomposition. Ce cafouillage avait déclenché la colère des 8 000 candidats et la mobilisation de plusieurs centaines d'entre eux.
Contournement des procédures de sécurité
Dans leur copie, les inspecteurs font état de « dysfonctionnements » « lors de la phase amont de conception des épreuves ». Ils confirment la « responsabilité individuelle d'un expert, clairement mise en cause » et celle du Conseil scientifique de médecine (CSM). Ils pointent également du doigt un « défaut global d'organisation » et de management, et « le caractère inadapté des mesures de sécurité [...] n'ayant pas permis de prévenir les risques ».
Ainsi, les procédures de sécurité liées à la banque des sujets Ipomen ont été contournées. La production rapide de nombreux sujets originaux a contraint les experts à déléguer à d'autres l'écriture des sujets. Pour valider plus rapidement les sujets, les membres du conseil scientifique ont utilisé l'identifiant de leur président pour se connecter à Ipomen, rendant impossible la traçabilité des sujets. À cela s'ajoute l'inexistence d'un règlement intérieur. « Le suivi individuel des experts a été faible et l'organisation du travail non formalisée », notent les inspecteurs.
Sécurité maximale pour les ECNi 2018
Les inspections préconisent une « sécurisation maximale » des épreuves en 2018 pour éviter une nouvelle « #promofiasco » et, « si les conditions nécessaires sont réunies, d'une refonte plus drastique du modèle d'organisation et de production des sujets ».
Pour ce faire, ils suggèrent d'abord de réduire fortement le nombre d'experts, de 200 à 50, soit deux par groupe de spécialité, afin de mieux encadrer leurs travaux.
Ces experts seraient mobilisés uniquement pour constituer les sujets « sur l'année en cours ». Un temps et une visibilité suffisants devraient leur être accordés, soit en « planifiant une réunion en amont, soit en les réunissant en séminaire pour traiter la production de tous les sujets des épreuves ». Un secrétariat assurerait la saisie, la mémoire des travaux et la traçabilité. Les inspections proposent également que les exigences déontologiques soient renforcées. « Le reliquat actuel de la banque Ipomen sera supprimé, ajoutent les inspections, nul ne pouvant garantir l'intégrité de son contenu. »
Enfin, la mission plaide pour la mise en place d'un logiciel anti-plagiat pour éviter la duplication d'un sujet existant. Autres pistes : la dissociation des épreuves et la publication des annales dans l'année. Toutefois, « elles devraient être associées pour l'intérêt pédagogique à des corrigés non officiels sollicités auprès des sociétés savantes ou collèges de spécialité », ajoutent-ils.
Une refonte drastique pour 2019
Ce n'est pas tout. Pour 2019, les inspections recommandent un changement de cap total, aussi bien sur la conception des sujets que sur l'organisation globale des ECNi.
« L'alimentation d'une banque de sujets originaux, sans similarité aucune avec des sujets existants, dont des milliers sont par ailleurs accessibles à tous dans la banque SIDES, apparaît, de l'avis des professionnels, illusoire », affirment les inspections. Elles redoutent qu'une éventuelle similarité avec un sujet déjà traité puisse être l'objet d'un contentieux, être retenue comme une rupture d'égalité, et entraîner l'annulation des épreuves.
Afin de mettre tous les candidats sur un pied d'égalité, les auteurs du rapport suggèrent que le CSM tire au sort les sujets dans la banque SIDES en s'assurant « de couvrir l'ensemble de spécialités et d'assurer une représentation équilibrée des UFR et des items du programme ». Tous les étudiants européens susceptibles d'accéder au 3e cycle en France devront aussi avoir accès à SIDES.
Le CNG, pilote en chef
Les inspections précisent que les sujets tirés au sort seraient « retravaillés par les experts pour renforcer leur qualité docimologique ». Enfin, le conseil scientifique réaliserait la sélection finale des sujets qu'il transmettrait en Centre national de gestion (CNG).
Dernière suggestion, la gestion de l'ensemble des ECNi, de la conception des sujets à l'affectation des candidats pourrait être attribuée au CNG, « opérateur reconnu comme organisateur de nombreux concours ».
En dépit des dysfonctionnements de 2017, l'IGAS et l'IGAENR estiment que « les ECNi sont désormais sécurisées sur le plan technique, et que les avancées permises par l'informatisation, tant sur le plan technique et organisationnel que pédagogique doivent être conservées. »
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