Après un an de combat acharné, le tribunal administratif de Paris a donné – une seconde fois – raison aux 49 étudiants parisiens, recalés en deuxième année médecine. En juillet 2021, ces carabins avaient dégringolé de nombreuses places dans le classement, à la suite d’une épreuve orale jugée « injuste », organisée dans des conditions « inadmissibles » par l’Université de Paris, selon l’avocat du collectif d’étudiants.
Après des mois de bataille judiciaire pour être réintégrés en médecine – un rêve pour beaucoup – le second verdict du tribunal administratif de Paris est tombé, annulant la délibération du jury de l’oral. Le tribunal enjoint la fac parisienne « de réunir un jury, afin qu’il procède au réexamen de la situation » des étudiants, selon le jugement que le « Quotidien » a pu consulter.
« Délibération litigieuse »
« Cette victoire est extraordinaire », se réjouit Antoine*, l’un des membres du Collectif. L’été dernier, comme beaucoup de ces camarades, il avait perdu plusieurs centaines de places dans le classement à la suite d'un oral de 20 minutes. Jury prévenu la veille, questions farfelues sur l’enseigne « Au nègre joyeux » ou les comptes de la Sécu : cette nouvelle épreuve orale introduite par la réforme de la PACES n’avait fait l’objet d’aucune préparation universitaire, selon le collectif.
Dans les faits, le tribunal ne s'est prononcé ni sur les questions jugées incongrues, ni sur les commentaires inappropriés du jury sur la politesse ou les tenues de certains candidats. En revanche, comme lors du premier verdict rendu début mai, il a soulevé des « irrégularités » dans la composition des jurys et « une délibération litigieuse ».
Nouvel oral annoncé
Après cette annulation de l’intégralité du verdict du jury, les étudiants lésés rêvent d'une intégration automatique en médecine, dès la rentrée 2022. Sauf que la fac parisienne ne l’entend pas de cette oreille. Avec « effroi et incompréhension », la cinquantaine de carabins a appris que l’université comptait leur refaire passer une épreuve orale courant juin, soit un an après… « Ça a été un choc, c’est un saut dans le vide, certains d’entre nous sont dans une situation de détresse psychologique grave », raconte Antoine.
Dans un communiqué envoyé ce mardi soir, l’Université Paris Cité annonce effectivement qu’elle réorganisera des épreuves orales, « en bonne compréhension » de la décision de justice. Une possibilité « confirmée par le tribunal et le Ministère de lʼenseignement supérieur et de la recherche », affirme la fac. Sans préciser le nombre de places qui seront allouées aux plaignants, l’Université parisienne confirme qu’une sélection sera opérée, et qu’en « fonction des résultats obtenus », les étudiants pourront être admis en médecine ou en odontologie. Le chemin de croix n'est donc pas terminé.
« On ne va pas lâcher »
Sans formation ni préparation, les étudiants devront donc à nouveau plancher devant le jury parisien. Une décision que le collectif considère comme « illégale », alors que le tribunal a annulé l’ensemble du verdict. « Dans ce cas, il faudrait faire repasser l’oral aux 675 étudiants de la promo », avance Antoine, hypothèse « inenvisageable », alors que la plupart sont en passe d'entamer une troisième année de médecine ou de pharmacie. Cette option avait de toute façon été écartée par le tribunal qui, « eu égard aux conséquences manifestement excessives qui résulteraient de l’annulation rétroactive de la délibération litigieuse », exclut une antériorité de la décision pour les étudiants déjà admis.
Pour l’heure, aucune date officielle, ni convocation à l’examen n’avait été communiquée aux étudiants. L’université de Paris a jusqu’au 24 juin pour acter sa décision. « Nous sommes toujours optimistes, on ne va pas lâcher, on continue à se battre », souffle Antoine, qui terminait ce 31 mai sa deuxième année de licence. « On avance au jour le jour, nous n’avons plus qu’un mois à tenir », trépigne-t-il, espérant la fin heureuse d’un feuilleton entamé il y a près d’un an.
*Le prénom a été modifié
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