Deux ans presque jour pour jour après l’entrée en application – chaotique – de la réforme de l'accès aux études de santé, le collectif national Pass/L.AS ne désarme pas et exige à nouveau le retrait pur et simple de la réforme. Cette petite révolution, qui a introduit deux voies d’accès aux études de médecine – d'un côté le Pass, parcours spécifique accès santé, et de l'autre les L.AS, licence avec option accès santé – est toujours jugée « catastrophique » par ce collectif de parents et d’étudiants créé début 2021.
« Emmanuel Macron nous promettait la fin de la boucherie en Paces, mais désormais c'est un abattoir à étudiants », fulmine Emmanuel d'Astorg, président du collectif national Pass/L.AS et père d’une étudiante en médecine, interrogé par « Le Quotidien ». L'association considère que « des milliers de jeunes » ont été « sacrifiés par la mise en place trop rapide d’une réforme inachevée ».
Abroger ou annuler
En août dernier, le collectif avait déjà adressé officiellement une demande d’abrogation de la réforme à Élisabeth Borne. « Il appartient désormais à la Première ministre de choisir entre s’enliser dans une réforme qui, loin d’atteindre ses objectifs, a projeté étudiants et facultés dans un réel marasme et repenser un parcours d’accès aux études de santé enfin cohérent, efficace et surtout égalitaire », souligne l'association, le 9 septembre. Parents et étudiants souhaitent désormais aller un cran plus loin, en entamant une procédure au Conseil d’État pour obtenir l’annulation ou l’abrogation de la réforme. « Nous irons jusqu’au bout », met en garde Emmanuel d’Astorg.
À l'été 2021, le collectif avait obtenu gain de cause auprès du Conseil d'État sur la question précise du nombre de places accordées lors de cette première année de transition. La plus haute juridiction administrative du pays avait sommé une quinzaine de facs d’augmenter le nombre de places en deuxième année de santé.
« Rétablir un concours républicain »
Cacophonie sur le nombre de places disponibles en deuxième année, oraux très critiqués, programmes surchargés… Alors que de nombreux cafouillages ont jalonné ces deux années de mise en place de la réforme, elle est plus que jamais jugée « absurde » par le collectif Pass/L.AS, qui demande au gouvernement de revoir sa copie pour « rétablir un concours républicain ».
« Les promesses de diversification des profils et de seconde chance sont des tromperies », considère Emmanuel d’Astorg. Il y a aussi « un mensonge éhonté au plus haut sommet de l’État sur la fin du numerus clausus », surenchérit le collectif, qui voit dans le nouveau numerus apertus « la même fonction restrictive ». L'association est d'autant plus inquiète que « beaucoup d’étudiants abandonnent, même en deuxième année, d’autres vont faire leurs études à l’étranger », assure le président du collectif.
Clarification
Contacté par « Le Quotidien », le Pr Didier Samuel, président de la Conférence des doyens de médecine, explique ne pas être dans une logique d’abrogation mais concède que « la réforme n’est pas encore complètement mature, nous ne sommes clairement pas arrivés à un point de stabilité ». Le doyen de médecine de la faculté de Paris-Saclay admet que « la mise en place a été complexe » et comprend que « la première année ait généré beaucoup de surprises voire choqué ceux qui étaient confrontés à cette réforme ».
Alors que le collectif Pass/L.AS reproche « une application encore anarchique dans les facs » et « d'innombrables iniquités », le patron des doyens promet « une clarification et une équité entre les différents parcours Pass et L.AS ». Il souhaite par ailleurs miser sur l’accompagnement et le tutorat des étudiants en deuxième année.
Enfin, alors que l’épreuve orale a mécontenté certains étudiants confrontés à des sujets très éloignés de la santé, le doyen explique qu’il « y a des discussions au niveau du comité de pilotage national pour rendre l’épreuve la plus homogène possible, même si chaque université à son autonomie sur les sujets proposés ». Des recommandations dans ce sens pourraient aboutir d’ici à la fin de l’année.
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