Tandis que le plan blanc déclenché vendredi soir par l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a permis d’organiser et de densifier immédiatement les moyens humains et matériels pour prendre en charge les victimes des attentats simultanés, la question se pose de la création d’un protocole similaire pour la médecine générale de ville.
À plusieurs reprises, dans la nuit meurtrière de vendredi à samedi, des médecins généralistes du voisinage sont intervenus sur les lieux des attaques, parfois dès les premières minutes, pour apporter les premiers secours aux blessés. D’autres se sont rendus spontanément dans les services d’urgences pour proposer leur concours.
Si ces renforts ponctuels n’ont en rien perturbé la prise en charge hospitalière, divers témoignages recueillis sur le site du « Quotidien » ont mis en lumière l’impuissance de ces médecins de ville qui, confrontés à des scènes de guerre, et dans l’attente du SAMU, n’ont eu souvent que leurs mains ou le maigre équipement des pompiers pour apporter les premiers soins… Faut-il muscler la formation en médecine générale ? Inclure la médecine de ville dans les plans de secours en cas d’attentats ? Revoir le matériel à disposition ?
Protocoliser davantage
Aujourd’hui, un médecin généraliste apprend dès le premier cycle les gestes infirmiers, puis les gestes d’urgences en second cycle. À la fin de ses études, il sait désinfecter, parer, suturer et panser une plaie, confectionner une attelle, poser un garrot et manier des antalgiques de première intention. Selon son degré d’expérience aux urgences, ou en tant que médecin correspondant SAMU, il sait intuber.
Le Dr Matthieu Calafiore, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG), se dit favorable à un apprentissage plus poussé des gestes de premier secours en formation continue (via le DPC), et suggère même un plan blanc pour la médecine générale libérale, afin de coordonner au maximum les interventions. « Dans les plans blancs hospitaliers, le médecin généraliste n’apparaît jamais, déplore le Dr Calafiore. On ne sait pas ce qu’on attend de nous. On pourrait aussi, en accord avec le SAMU, protocoliser l’accueil des petites urgences dans les structures libérales, cela désengorgerait l’hôpital. »
Identifier les médecins de ville amenés à intervenir dans une situation exceptionnelle (attentats multiples, victimes nombreuses...) permettrait aussi de faciliter leur prise en charge psychologique appropriée.
« Faire un garrot. Point. »
Président du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), le Dr Théo Combes invite les médecins généralistes à « se réapproprier davantage la petite traumatologie ». Mais il est plus réservé sur une refonte totale de la formation : « Aussi dramatiques soient les attaques de vendredi, la quantité de soins délivrée par les généralistes est infinitésimale par rapport au travail des urgentistes et des chirurgiens », tempère-t-il.
À défaut de plan blanc de la médecine de ville, faut-il revoir la trousse de secours, dont le contenu est disparate selon les médecins concernés ? Au même titre que d’autres confrères interrogés, le Pr Stéphane Oustric écarte cette solution, chacun devant rester à sa place. « Le médecin généraliste intervient en premier recours et prend en charge globalement le patient dans son environnement, pas dans une situation de guerre, recadre le directeur du département de médecine générale de la faculté de Toulouse. Si ça saigne, il fait un garrot, point. Et il est là. Il écoute, il rassure. C’est ce que les généralistes de Paris ont fait, comme ceux de Toulouse au moment d’AZF ou de l’affaire Merah. »
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