Fruit de plusieurs années de réflexions d'un groupe d'experts, sous la présidence du Pr Philippe Morlat, la Fédération hospitalière de France (FHF) publie un rapport pour développer la médecine polyvalente à l'hôpital.
Le constat est clair : alors qu'elle se développe à grande vitesse dans les hôpitaux et peut se targuer d'environ 3 500 praticiens (dont 500 à temps partiel), la médecine polyvalente manque de reconnaissance, de visibilité et ne dispose pas d'une formation initiale et continue digne de ce nom.
Omniprésente mais...
Selon l'état des lieux qualitatif du rapport, la médecine polyvalente, de fait, se retrouve partout à l'hôpital : dans les services de médecine aiguë avec un recrutement de patients majoritairement post-urgences (médecine interne ou court séjour gériatrique), en soins de suite et réadaptation (SSR), en chirurgie et même en psychiatrie ou en médecine pénitentiaire. Majoritairement, elle est pratiquée par des médecins généralistes – pour certains avec une compétence en gériatrie ou en médecine d'urgence.
Mais la situation de la médecine polyvalente est devenue confuse puisque la formation des futurs généralistes « est désormais exclusivement orientée vers une pratique ambulatoire correspondant aux besoins des populations dans les territoires », rappelle le rapport. Cette formation est aussi incompatible avec une compétence « additionnelle » en médecine d'urgence ou en gériatrie − toutes deux bénéficiant d'un diplôme d'études spécialisées (DES) ouvrant vers une spécialité d’exercice exclusif depuis la rentrée universitaire 2017-2018. Or, le rapport souligne la complexité de prise en charge des patients polypathologiques hospitalisés « qui justifie une compétence spécifique ».
Cap sur les bonnes formations
Devant ce constat, la FHF propose des mesures permettant de pérenniser cette pratique et d'assurer une formation adaptée. Première priorité : augmenter le nombre de jeunes internistes, la médecine interne étant la spécialité qui se rapproche le plus de la pratique de médecine polyvalente (avec la gériatrie). La FHF propose de passer à 200 postes de DES de médecine interne par an (contre 113 actuellement). Elle insiste aussi sur la nécessité de prévoir un nombre suffisant de postes en médecine interne (ou de gériatrie) lors de l'ouverture des accès à un deuxième DES (à compter de 2021).
Plusieurs formations diplômantes existent déjà (DU et DIU de médecine polyvalente hospitalière) pour les internistes. La FHF suggère de les ouvrir aux autres DES pour élargir le périmètre des praticiens susceptibles de rejoindre les services de médecine polyvalente. En parallèle, le rapport compte profiter de la réforme du troisième cycle pour mettre en place une Formation spécialisée transversale (FST) de « médecine hospitalière polyvalente » accessible aux étudiants de tous les DES.
Pôles et équipes mobiles
Côté organisationnel, la FHF mise sur les regroupements hospitaliers pour favoriser la coopération entre services. Elle préconise la mise en réseau des pôles de médecine polyvalente avec ceux de médecine interne ou de gériatrie des hôpitaux voisins de plus grande taille. À défaut, une solution pourrait être le regroupement dans l'hôpital des activités de médecine polyvalente, interne et de court séjour gériatrique. Au besoin, des équipes mobiles de « médecine hospitalière » pourraient voir le jour.
Le rapport veut enfin doper le DPC des praticiens « non spécialistes » exerçant dans les services de médecine polyvalente en leur permettant l'adhésion aux sociétés savantes les plus proches de leur exercice et en développant des partenariats institutionnels entre ces sociétés savantes et la Fédération française de médecine polyvalente.
À terme, la FHF aimerait voir ces médecins effectuer une demande de qualification ordinale via les commissions de spécialités du conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) dans la spécialité la plus proche de leurs modalités d'exercice – comme la médecine interne, la gériatrie ou la médecine physique et réadaptation.
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