Si le toucher vaginal (TV) fait partie de l’examen gynécologique conventionnel, sa réalisation en systématique ne fait pas consensus en obstétrique mais aussi hors situation de grossesse. Certains gynécologues américains ont même qualifié l’examen en routine d’inutile voire de « contre-productif ». Le désagrément et la gêne rapportés par les patientes sont-ils compensés par un intérêt réel sur le plan médical ?
« Il faut reconnaître que la rentabilité du TV systématique n’est pas très élevée », reconnaît le Dr Béatrice Guigues, gynécologue à Caen et vice-présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF). Néanmoins, ce n’est pas inutile car il permet de dépister des masses pelviennes chez des femmes asymptomatiques ». Pour le Pr Fabrice Lecuru, gynécologue spécialisé dans la cancérologie féminine à l’hôpital Européen Georges Pompidou : « C’est particulièrement vrai pour les kystes de l’ovaire, qui même volumineux, peuvent rester silencieux. »
En obstétrique, le TV n’est pas réalisé de façon systématique partout en Europe. S’il est d’usage dans l’Hexagone, en Belgique, en Allemagne ou au Luxembourg, ce n’est pas le cas en Espagne et au Danemark. Il n’est plus recommandé en Grande-Bretagne, en Irlande, aux Pays-Bas, en Grèce et au Portugal. Une étude menée par l’équipe du Pr Claude d’Ercole à Marseille (2003) avait pointé du doigt le fait que l’échographie du col était plus performante que le TV pour estimer le risque d’accouchement prématuré. Le TV reste la meilleure technique pour juger de l’effacement et de la dilatation du col lors du travail. Il existe même des situations où il est recommandé d’éviter le TV, lors d’une rupture prématurée des membranes et lors d’un placenta praevia.
Les très jeunes femmes à part
Hors situation de grossesse, l’American College of Physicians (ACP) avait publié en 2014 dans « Annals of Internal Medicine » une revue de la littérature très critique sur le sujet. Le Dr Linda Humphrey, l’auteur principale, avait souligné le faible intérêt « chez des femmes sans symptôme, au risque moyen de cancers gynécologiques ». Dans l’éditorial lié, les Drs George Sawaya et Vanessa Jacoby, de l’université de Californie ont estimé que « le toucher vaginal a occupé une place importante dans la santé des femmes pendant de nombreuses décennies pour devenir davantage un rituel qu’un véritable examen médical basé sur des faits cliniques ».
Pour le Dr Guigues : « L’examen n’est pas très utile chez les très jeunes femmes. Il faut essayer de sentir leurs attentes et ce qu’elles souhaitent. C’est souvent les mamans qui réclament le TV pour leurs filles ! Mais il m’est arrivé d’avoir une très jeune adolescente déçue me demander à la fin de la consultation pourquoi je ne lui avais pas proposé. » Pour la gynécologue de Caen, « bien amené, dans une relation de confiance, le TV n’est pas traumatisant. Faire un TV après le frottis ne pose généralement pas de problème. Mais il ne faut pas être dogmatique sur le sujet. La crainte du TV systématique ne doit pas faire fuir. Il faut privilégier le dialogue et l’information avec les patientes ». La polémique n’a plus aucun sens en cas de symptômes, « où il a toute sa place », souligne le Dr Guigues. Même les plus rétifs de l’ACP ne le remettent pas en cause en cas de douleurs, saignements, dyspareunie ou leucorrhées.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale