Contrôler le niveau de tous les étudiants avant le troisième cycle

L'Académie de médecine veut pourchasser les internes incompétents

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Publié le 03/07/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Contrôler avant de classer.

L'Académie nationale de médecine lance un appel pour l'instauration rapide d'un dispositif de vérification impliquant que tout candidat, français ou étranger, ayant effectué son second cycle d'études médicales en France ou dans tout autre pays de l'Union européenne, ne puisse s'inscrire aux épreuves classantes nationales (ECN) qu'après avoir validé le certificat de compétence clinique (CCC) national.

Cette position a été adoptée le 27 juin, à l'issue d'une présentation en séance publique par le Pr Patrice Queneau, membre de l'Académie, doyen honoraire de la faculté de médecine de Saint-Étienne, qui tire la sonnette d'alarme sur la situation actuelle.

De fait, si les candidats ayant fait leurs études en France doivent valider le certificat de compétence clinique (CCC) pour s'inscrire aux ECN, ce n'est pas le cas des carabins qui ont accompli leurs deux premiers cycles d'études dans un autre pays de l'UE, une incohérence déjà souvent soulignée par les doyens. 

Notes catastrophiques

Chiffres à l'appui, le Pr Queneau précise qu'aux ECN 2014, 227 étudiants à diplôme européen ont obtenu des notes qui ne laissent aucun doute sur l'insuffisance majeure de leurs compétences. « Si 25 % d'entre eux ont obtenu une note supérieure à 500 sur 1 000, la médiane des notes a été pour l'ensemble de 253 sur 1 000, 10 % d'entre eux ayant eu une note inférieure à 96 sur 1 000 », précise-t-il. En 2015, la médiane des notes des 296 étudiants à diplôme européen hors de France était de 260 sur 1 000, avec une majorité de scores très faibles. « Les ECN ne sont ni un examen, ni un concours. Elles ont pour seul objectif de définir l'ordre dans lequel les étudiants choisissent, sur l'ensemble de la liste des postes d'internes proposés (...) », explique-t-il.

Surtout, il n'y a pas de note éliminatoire même si certains étudiants ne maîtrise même pas l'usage de la langue. Le système actuel « expose à compromettre gravement la qualité des soins dans les établissements où ces internes sont en fonction », assure le Pr Queneau. 

Lancement dès la rentrée

« Le CCC national est à l'ordre du jour de prochaines réunions interministérielles avec la volonté d'aboutir. Ca sera lancé dès la rentrée », affirme le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens des facultés de médecine. « Les ministères ont confié à la Commission nationale des études de maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie (CNEMMOP) la mission de réfléchir sur sa faisabilité », ajoute le Pr Jean Sibilia, vice-président de la conférence des doyens.

La position de l'Académie de médecine est ici un précieux renfort. « Le fait que l'Académie de médecine, que nous avions informée de notre démarche, se saisisse du certificat de compétence clinique et le valide, corrobore la proposition des doyens, se réjouit le Pr Sibilia. Ce soutien sera utile dans la négociation finale ».

En 2015, huit internes de médecine générale d'Île-de-France ayant entamé leur cursus dans un autre pays de l'Union, et ayant ensuite passé les ECN en France, avaient été suspendus et placés dans un stage en surnombre de remise à niveau dans des services parisiens.

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9594