La France dispose-t-elle de moyens suffisants pour financer les études de médecine ? La question a été posée par trois spécialistes à l'occasion d'un débat sobrement intitulé « Pauvre université », lors du congrès CHAM*, le 1er octobre.
En France, les facultés de médecine doivent répondre à trois missions, en association avec les 32 CHU de l'Hexagone : l'enseignement, les soins et la recherche.
Pour le Pr Gérard Friedlander, doyen de Paris-Descartes, les UFR ne sont plus en mesure de remplir ce cahier des charges exigeant, au regard de leur financement, assuré quasi intégralement par l'État, dont les caisses sont de plus en plus vides.
« Nous sommes autonomes [par la loi, NDLR] mais nos marges de manœuvre sont incroyablement faibles, a-t-il analysé. Nous ne pouvons ni participer à l'orientation des étudiants, ni fixer nos droits d'inscription, ni même mener une politique de valorisation de la faculté. Et un tiers des salaires des chercheurs de l'INSERM est pris sur notre budget sans que l'on en recueille les fruits. » Selon le doyen, cette rigueur budgétaire joue sur la qualité des cours et contribue à la fuite des jeunes cerveaux vers des auspices universitaires plus accueillants. « Je n'ai pas un centime de budget de fonctionnement pour moderniser les méthodes d'enseignement ! », s'est-il alarmé.
Augmenter les droits d'inscription ?
Quelles ficelles tirer pour dynamiser les facultés françaises ? Où trouver de nouveaux gisements d'économies ?
Interrogé sur la question, le Pr Pierre Buekens, doyen de l'université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans, a opposé en miroir le modèle américain où les universités sont financées par des donateurs privés. Les étudiants ne reçoivent pas de bourse mais un prêt de l'Éducation nationale, garanti par l'État. Revers de la médaille selon l'universitaire américain : ce système entraîne un très vif esprit de compétition entre les facultés. Sans oublier la dette colossale dont doivent s'acquitter les futurs praticiens. Devenir médecin en santé publique aux États-Unis vaut la modique somme de 100 000 dollars, a illustré le Pr Buekens.
Sans pousser à la révolution, Mickael Benzaqui, ancien président de l'Intersyndicat national des internes (ISNI), a reconnu l'intérêt de réformer le modèle économique des facultés pour mieux former les médecins de demain. Selon lui, l'augmentation des droits d'inscription des étudiants en France est une piste à considérer. « Passer à 1 000 euros les droits d'inscription annuels serait indolore et permettrait de créer des fonds pour les bourses », adhère le Pr Friedlander. Aujourd'hui, suivre des études de médecine en France coûte 184 euros par an les trois premières années, 256 euros pour les trois suivantes.
*Convention on health analysis and management dont « le Quotidien » est partenaire
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