S’il n’a nulle intention de revenir sur les réformes en cascade des études de santé (premier, deuxième et troisième cycle), le Pr Didier Samuel, nouveau président de la conférence des doyens de médecine, a admis ce lundi qu’il fallait néanmoins les « aménager » mais aussi « clarifier » les parcours mis en place.
La refonte du premier cycle, marquée par la suppression du concours de la Paces, a concentré les critiques depuis deux ans. Mise en place à la rentrée 2020, cette réforme a instauré deux nouvelles voies d'accès dites PASS (parcours d'accès spécifique santé) et L.AS (licences accès santé, avec une mineure santé). Même si le climat est plus apaisé, ce « changement monumental » n’a « probablement pas été assez bien préparé » et même « mis en place trop vite », a reconnu le patron des doyens, également responsable de l’unité d’hépatologie et de réanimation hépatique de Paul-Brousse (AP-HP).
Conséquence : de nombreux étudiants ont eu des « difficultés à comprendre les nouveaux parcours », la réforme elle-même ayant été émaillée de dysfonctionnements anxiogènes pour les carabins. Dans ce contexte, l’objectif reste d’aider les étudiants à « s’approprier la réforme, les parcours et les différentes voies d’accès » aux filières sélectives, ambitionne le Pr Samuel.
Programmes trop lourds
Cet aménagement passe à l'évidence par une adaptation les programmes. Le Pr Samuel considère que ces derniers sont apparus « trop lourds, tant du côté PASS que du côté L.AS », faisant référence à « l’adjonction » d’une mineure disciplinaire en PASS (sans alléger le reste) et d'une mineure santé en L.AS. Dans de nombreux programmes de licence, « on a rajouté une mineure santé à des programmes qui n’ont pas été allégés », ce qui a représenté « une charge de travail considérable ».
Côté taux de réussite, le président des doyens entend veiller à assurer une « équité » d'accès aux études de médecine entre les filières PASS et L.AS, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui (au détriment des jeunes issus de licence). Cela supposerait de respecter au moins le ratio fixé pour le partage des places, revu à 70/30 faute de pouvoir tenir l'objectif de 50/50 prévu au départ. Les étudiants issus de licences – dont les profils sont moins scientifiques que leurs homologues de PASS – devront bénéficier en ce sens d’un accompagnement particulier, de « modification de programmes » ou de tutorats en deuxième et troisième année.
Enfin, il y a un « travail à faire » sur les oraux d'admission, souvent décriés car les épreuves ont parfois pris un poids disproportionné dans le résultat final et ont abouti à des contentieux.
Deuxième cycle : réussir l'atterrissage
Il est également primordial de « réussir l’atterrissage » de la réforme du 2e cycle et de l'accès au troisième cycle, souligne le Pr Didier Samuel. Pour rappel, à partir de 2024, des épreuves dématérialisées nationales (EDN, évaluation des connaissances théoriques) remplaceront en partie les ECN pour accéder à l'internat. Elles compteront pour 60 % de la note finale, contre 30 % pour les nouveaux examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) et 10 % en lien avec le « parcours » universitaire de l’étudiant. Les premiers Ecos nationaux auront lieu en 2024 tandis que les EDN se tiendront fin 2023 (en début de sixième année). Pour le Pr Samuel, il faudra « mieux préparer » cette réforme que celle du premier cycle…
Le Pr Samuel est enfin revenu sur les « questionnements » actuels liés à l’introduction de la quatrième année du DES de médecine générale. Il estime que cet allongement « ne peut pas être la seule réponse à la problématique des déserts médicaux ». Si quatrième année il y a, il faudra veiller à ce « qu’elle ne soit pas posée sur les trois années précédentes sans réflexion sur la maquette du DES ». C'est pourquoi il souhaite une réflexion en amont sur cette maquette « plutôt que de se faire imposer une quatrième année coercitive dans des déserts médicaux ».
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