LE QUOTIDIEN : Quel est votre regard sur le cafouillage des ECNi 2017 ? Négligence des organisateurs ou favoritisme ?
ANTOINE OUDIN : L'événement des ECNi a été une catastrophe, une crise. Nous avons reçu des appels de détresse d’étudiants, cette situation n'est plus tolérable. C'est un concours qui définit leur choix de carrière, leur lieu de vie. Ils ont déjà subi une sélection et trois années de sacrifices pour préparer les ECN, sans activité extrascolaire et pour certains sans vie privée.
Nous n'écartons ni l'hypothèse de la négligence ni celle du favoritisme d'enseignants. Les deux sont inacceptables et méritent des sanctions ! Mais le véritable enjeu, c'est le traumatisme des étudiants. L'état de tension psychologique des candidats passant l'épreuve n'est pas humain. Un premier pas a été fait avec l'enquête interministérielle…
Annales en ligne, dissociation des dossiers progressifs : les réformes promises cette semaine par le gouvernement sont-elles à la hauteur ?
Mardi dernier, nous avons effectivement eu des engagements sur les ECN, à court et long terme. Le fonctionnement du conseil scientifique sera revu et nous espérons que les prochaines épreuves seront sécurisées, à la lumière des résultats de l'enquête ministérielle. Mais il reste une « promotion fiasco » qui demande réparation. Il faudra établir rapidement les responsabilités et fournir aux promotions suivantes des améliorations ambitieuses. Le plus dur reste devant nous.
Faut-il supprimer les ECN ?
Il faut revoir les modalités d'accès à l'internat. Nous n'avons pas la volonté de supprimer les ECNi. Elles doivent rester une épreuve qui classe mais sans être un objectif obsessionnel du deuxième cycle. Les étudiants préfèrent quitter les services pour se préparer, ça devrait être l'inverse ! Il faut introduire des innovations numériques, avoir une solide partie clinique. Un travail sur le certificat clinique de compétence est en cours.
Quel est l'objectif de votre congrès ?
400 étudiants en médecine sont attendus à Nantes pendant quatre jours [29 juin au 2 juillet]. Des groupes de travail sont organisés autour de plusieurs thématiques : les études médicales (ECNi, format du deuxième cycle, réforme du troisième cycle), l'indépendance des facs, la démographie médicale, la santé publique, etc. Cela nourrit nos réflexions dans la perspective des revendications que nous porterons auprès des tutelles. Lors du congrès il y a aussi une partie « Université d'été » ou des invités débattront de l'humanitaire, du big data ou des enjeux du monde de la santé.
Quel est votre bilan 2017 et les priorités du futur bureau ?
Ce fut une année intense avec l'élection présidentielle. Nous avons pu rédiger un livre blanc et réussi à gérer les dossiers malgré une relation avec l'équipe de Marisol Touraine qui n'était pas toujours au beau fixe. La réforme du troisième cycle a été une affaire compliquée : nous avons poussé pour qu'elle entre en vigueur en 2017 car elle doit permettre de mieux préparer le futur projet professionnel et développer des compétences ciblées. Par ailleurs, nous avons pris des initiatives sur l'indépendance de la formation car il y a des lacunes dans notre cursus.
Surtout, la santé mentale est devenue un enjeu primordial et nous avons mené, avec les autres structures jeunes, la première enquête nationale qui a démontré la fragilité des étudiants. Le prochain bureau devra s'occuper en priorité du plan national d'action sur la santé mentale. Il faudra également mener une réflexion sur le statut étudiant/salarié lors de l'externat, source de précarité. Enfin l'affaire du tirage au sort en première année est toujours en cours...
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