Le renforcement de la « loi anti-cadeaux » pour les étudiants et internes (qui interdit désormais toute hospitalité accordée par les laboratoires pour les réunions à vocation scientifique) a fait couler beaucoup d'encre depuis la rentrée.
Dans les facultés, les étudiants n'ont pas attendu ce durcissement pour combattre les « stratégies d'influence » des laboratoires et l'ingérence de l'industrie de santé dans le cursus, comme l'a illustré un débat précédant la cérémonie des « Pilules d'or » de la revue Prescrire.
À Nice, le Dr Adriaan Barbaroux, chef de clinique du département de médecine générale, a mis en place les « Journées de l'esprit critique » avec Robin Jouan, interne en psychiatrie. « L'idée est partie de ma thèse, qui portait sur l'ambivalence des médecins généralistes lors de la visite médicale promotionnelle, explique le Dr Barbaroux. J'avais le sentiment qu'il y avait un problème mais que rien ne se passait. » D'où l'idée de sensibiliser les jeunes à la prévention des conflits d'intérêts, sur un mode participatif. « Le débat, cela peut être "la santé est un business comme un autre", avec les arguments des deux bords. C'est l'atelier phare des journées, l'outil idéal pour l'échange », complète Robin Jouan, qui plaide pour une journée internationale de l'esprit critique.
D'autres professions aussi exposées
Plus à l'ouest, le Dr Marco Romero, généraliste dans les Landes et maître conférence à la faculté de Bordeaux, s'occupe d'une formation des internes à l'analyse critique de la promotion pharmaceutique (FACRIPP). « Cette promotion pharmaceutique a une influence avérée sur les prescriptions et l'exposition des étudiants est précoce, fréquente et vue comme normale. Les professionnels de santé ne sont pas assez formés sur cette thématique », explique-t-il. Le programme aborde les techniques marketing sur l'usage des médicaments, la communication avec le visiteur médical ainsi que la capacité à juger de la sécurité et l'efficacité d'un traitement. « Nous apprenons aussi aux étudiants à définir ce que sont les liens d'intérêts et les conflit d'intérêts, à faire la différence entre les deux et à les identifier dans une pratique quotidienne ».
La « Troupe du rire », un collectif de carabins, a mis en place un guide intitulé « Pourquoi garder son indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques ? ». Disponible sous format papier, il sera bientôt distribué en version numérique afin de tester les connaissances des étudiants et leur apporter des réponses, précise Léa Bouzerda, vice-présidente chargée des réflexions éthiques à l'ANEMF. « La réforme du second cycle doit se pencher sur le sujet », ajoute la jeune femme, précisant que les portfolios de compétences ne sont pas encore arrêtés.
A la dernière rentrée, les internes de médecine générale de l'ISNAR-IMG avaient reconduit la campagne « No free lunch », qui vise à sensibiliser les étudiants à l'impact du marketing dans le milieu médical. Le défi consiste à refuser les repas sponsorisés par les laboratoires.
En matière de prévention des conflits d'intérêts, une des difficultés est le manque d'interprofessionnalité. « Les étudiants en pharmacie ne sont pas fermés mais ils partent de beaucoup plus loin », relève Léa Bouzerda, expliquant que les sages-femmes et les infirmières libérales devraient également être sensibilisées.
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