LE QUOTIDIEN : Pourquoi la santé a-t-elle tenu une place importante dans le débat présidentiel cette année
CHRISTINE EIBNER : La réforme Obamacare, ou « Affordable care act » (ACA), est très controversée. Plus de la moitié de la population ne soutient pas cette loi. Il y a quelques semaines, l'administration Obama a annoncé qu'à partir de l'année prochaine, les Américains devraient payer « en moyenne » 25 % de plus pour les primes d'assurances souscrites dans le cadre d'Obamacare… Ca ne contribue pas à améliorer sa cote… sans oublier que les géants de l'assurance santé se désengagent les uns après les autres d'ACA, parce qu'ils perdent de l'argent. Les Américains se retrouvent avec un choix de plus en plus restreint, avec des prix qui explosent… Il y a de gros défis à relever !
Comment avez-vous procédé pour réaliser votre étude ?
Nous avons envoyé une liste de questions aux équipes de campagne des deux candidats. Nous avons eu un retour de l'équipe d'Hillary Clinton, aucune de la part de l'équipe de Donald Trump, qui nous a redirigés vers son site web. À partir des données disponibles, nous avons réalisé un travail de modélisation économique, évaluant les effets potentiels de plusieurs propositions de loi, pour chaque candidat. Donc attention, il ne s'agit pas d'une analyse de leur programme en entier.
Quels sont vos résultats principaux ?
Un des objectifs majeurs d'Hillary Clinton est d'améliorer la réforme ACA en rendant les assurances plus abordables. Elle propose, par exemple, la mise en place d'un dispositif d'assurance santé publique qui viendrait concurrencer le privé. Rien qu'avec cette loi, nous avons trouvé que 400 000 personnes supplémentaires obtiendraient une couverture maladie en 2018.
Hillary Clinton propose également d'instaurer un système de crédit d'impôt pour réduire les frais restant à la charge des assurés. Cette mesure permettrait d'élargir la couverture médicale à 9,6 millions de personnes supplémentaires en 2018. Mais, revers de la médaille, ce crédit d'impôt coûterait environ 90 milliards de dollars par an (81 milliards d'euros) au gouvernement fédéral.
Dans l'éventualité où Donald Trump accéderait à la Maison-Blanche et que toutes les propositions que nous avons analysées seraient appliquées, plus de 20 millions de personnes perdraient leur assurance-maladie d’ici à 2018, et le déficit fédéral serait accru de 5,8 milliards de dollars (5,2 milliards d'euros). Le creusement du déficit serait surtout lié à l'abrogation de l'ACA (33 milliards de dollars supplémentaires). En revanche, la modification du système de financement du dispositif « Medicaid », dédié aux plus pauvres, permettrait de limiter l'augmentation du déficit fédéral.
Comment les deux candidats ont-ils réagi à la publication de votre étude ?
Nous avons eu des retours au travers de notre financeur, le « Commonwealth Fund ». L'équipe d'Hillary Clinton a indiqué qu'elle envisageait de modifier son approche concernant le crédit d'impôt – qui était la proposition de loi la plus chère que nous avons analysée.
L'équipe de Donald Trump a déclaré, dans un communiqué, que notre modélisation était incorrecte, que ça n'adhérait pas à leurs propositions. Nous avons modélisé ce qui se trouvait sur leur site, c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de détails… Mais l'équipe n'en a pas fourni davantage.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale