« Tout ce gâchis doit servir à quelque chose. » Après le suicide d’un interne à Marseille, au mois de février dernier, sa famille et sa plus proche amie alertent aujourd’hui le public et les autorités médicales sur les conditions de travail des internes dans les établissements hospitaliers.
Maxime s’est donné la mort alors qu’il terminait sa dixième année d’études de médecine. Brillant, le jeune homme avait entamé quelques mois plus tôt un stage dans le service de neurochirurgie de l’hôpital de la Timone, à Marseille.
À ce jour, les conclusions de l’enquête menée par l’AP-HM, afin de cerner sa situation professionnelle avant le drame, n’ont pas été rendues publiques (la famille de Maxime en a pris connaissance).
Lien avec les conditions de travail, épuisement professionnel
Pour la mère de Maxime, elle-même médecin, le lien entre le suicide de son fils et sa vie professionnelle ne fait aucun doute. Dans une lettre remarquable, qu’elle a fait parvenir au « Quotidien » (voir ci-dessous), elle livre sa version des faits.
« On retrouve dans les témoignages de ses derniers jours des signes d’épuisement professionnel, un vécu de dévalorisation, le sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de sa hiérarchie et à celles de ses patients », écrit-elle.
Au « Quotidien », elle évoque les conditions d’exercice dans ce service de neurochirurgie, réputé très difficile : « Il avait déjà travaillé dans des services très durs, mais dans ce cas précis, il n’y avait pas de cohésion entre les soignants. Ils étaient livrés à eux-mêmes. »
Système féodal
La mère de Maxime dénonce aussi le système féodal qui règne parfois dans les services où « les internes sont à la merci des chefs qui ont droit de vie et de mort sur eux, dans le sens où s’ils ne font pas ce qu’on leur dit, ils n’ont pas de poste d’assistant. On les met plus bas que terre, on les culpabilise s’ils prennent leur repos de garde… »
Elle précise avoir entamé une procédure de reconnaissance en accident du travail. Une enquête administrative est en cours. Mais elle insiste : « Ce que je veux avant tout, c’est qu’un tel acte ne puisse pas se reproduire. Les internes méritent le respect et leurs conditions de travail doivent évoluer. »
Ce message très fort fait écho à celui lancé ce matin par le Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Marseille. Le SAIHM estime que le CHU marseillais ne respecte pas la réglementation sur le repos de sécurité, sans établir toutefois de lien direct avec le drame.
La direction du CHU s’est engagée à garantir le respect total du repos de sécurité à partir du 2 mai. Une petite victoire pour les proches de Maxime qui appellent à une prise de conscience collective sur ce sujet grave qui concerne les soignants et les patients.
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