Taux de réussite en PACES : du simple au triple selon les facs de médecine !

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Publié le 13/01/2017
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Crédit photo : S. TOUBON

En dépit de la hausse du numerus clausus en 2017, devenir médecin relèvera toujours du parcours du combattant. Sur les 58 627 étudiants engagés sur la ligne de départ en première année commune aux études de santé (PACES), seulement 13,9 % pourront poursuivre leur cursus en médecine à l'issue de l'année universitaire (contre 12,8 % il y a deux ans).

Mais tous les candidats ne partent pas sur un pied d'égalité. En tenant compte des dernières inscriptions en PACES communiquées par l'AUFEMO* et de la répartition du numerus clausus 2017 (8 124 postes) faculté par faculté, dont l'arrêté est paru ce mercredi, « le Quotidien » a calculé le pourcentage de réussite des « péhuns » dans chaque UFR (voir notre graphique)

Le résultat est édifiant : le taux de réussite varie du simple au triple selon les facultés. Un candidat inscrit à Lille Catho aura 26 % de chances d'être reçu en P2 tandis qu'à Montpellier, faculté la plus sélective de France, il aura fort à faire pour figurer dans les 7,8 % d'heureux élus en médecine.

Schématiquement, les facultés du nord de la France offrent un taux de réussite plus élevé. Les reçus en P2 excèdent les 15 % des inscrits à Amiens, Brest, Caen, Dijon, Reims, Rennes, Rouen et Tours par exemple. C'est aussi le cas dans les facultés de médecine parisiennes (à l'exception de Paris VI) qui ont enregistré une forte hausse du numerus clausus

Écrémage

Les UFR du sud sont quant à elles soumises à un écrémage plus strict. Outre Montpellier, les facs de Bordeaux (10,8 %), Clermont-Ferrand (11,9 %), Grenoble (12,1 %), Lyon-Est (14,5 %), Lyon-Sud (14,3 %), Nice (12,2 %) et Toulouse (9,5 %) promettent une année de labeur à leurs candidats. Ces facultés sont pénalisées par un numerus clausus plus sévère. Malgré une hausse du nombre d'étudiants admis en deuxième année, Marseille opère aussi une forte sélection (13 %). 

L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) n'est pas insensible à ces résultats. « Ces inégalités de sélection posent un souci, confie au "Quotidien" son président Antoine Oudin, mais il est impossible de demander une égalité stricte du pourcentage de réussite. » Le responsable carabin explique surtout le combat de son association pour éviter une formation à deux vitesses. « Il faut que toutes les facultés offrent une formation de qualité, insiste Antoine Oudin. Dans cette optique, nous défendons le tutorat et nous améliorons les outils de préparation aux ECN. »

Des doyens exigent l'excellence

Les fortes différences de réussite sont parfois consécutives à des choix de patrons de fac. « Certains doyens revendiquent une sélection plus rigoureuse, pensant former de meilleurs médecins et obtenir une plus grande réussite aux ECN », analyse le président de l'ANEMF.

Les directeurs d'UFR sont toutefois préoccupés par ces écarts de sélectivité entre les villes. « Cela nous perturbe, explique le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la Conférence des doyens. Nous nous mobilisons pour limiter l'échec en PACES et pour proposer des réorientations. »

Bons mais recalés

Beaucoup d'étudiants jettent l'éponge en cours d'année ou se réorientent après la session d'examens de décembre. Le taux de réussite réel en médecine parmi les candidats sera donc en juin prochain un peu plus élevé que celui affiché aujourd'hui.

Il n'empêche, le système de sélection actuel peut heurter les défenseurs de l'équité. Certains étudiants d'une faculté peuvent être recalés avec une bonne note (reçus collés) tandis que les candidats d'une autre ville pourront être admis en deuxième année avec une note inférieure.

Quoique décrié depuis plusieurs années, contourné de toutes parts, le numerus clausus mis en place en 1971 demeure le moyen privilégié par les pouvoirs publics pour réguler la démographie médicale... même si certains, comme l'ancien Premier ministre Manuel Valls, proposent aujourd'hui de le supprimer.

* Administration universitaire francophone et européenne en médecine et odontologie

 

Source : lequotidiendumedecin.fr