Dans la nuit du 10 au 11 août, Marie Bouchard fera partie des plus de 20 000 coureurs au départ du 10 kilomètres pour tous, un marathon organisé sur le même parcours que celui des athlètes olympiques. « Et j’irai encourager notre équipe dès le lendemain matin. » C’est sur l’épreuve du 3 000 mètres steeple, une course de demi-fond avec obstacles, que la jeune interne en médecine physique et de réadaptation (MPR) à Brest pensait se qualifier pour les Jeux olympiques. Mais une blessure au tendon d’Achille l’a empêchée de défendre ses chances. « J’ai eu une tendinopathie calcanéenne et j’ai fermé les yeux sur des douleurs auxquelles j’aurais dû être plus attentive. La détermination de la sportive l’a emporté sur le raisonnement du médecin. Je ne me suis pas arrêtée à temps », explique-t-elle. Marie Bouchard tente alors un coup de poker et décide de changer de discipline et de s’inscrire au marathon qui lui semble « plus accessible. Mais les autres concurrentes ont vraiment été meilleures ». Contente d’avoir tenté sa chance malgré la blessure, elle prépare désormais les prochains championnats d’Europe de cross, qui se dérouleront en Turquie en décembre prochain.
La détermination de la sportive l’a emporté sur le raisonnement du médecin
Marie Bouchard
« Tout est possible »
C’est au collège que Marie Bouchard a découvert le cross. Une discipline pour laquelle elle se passionne. Encouragée par sa professeure d’éducation physique et sportive, elle prend sa licence et rejoint le club de Paimpol, dans les Côtes-d’Armor. « Là, j’ai rencontré Noémie Claessens, qui faisait partie de la sélection Jeunes de l’équipe de France. Elle me racontait ce qu’elle vivait, je suivais ses courses à la télévision et dès le lycée, j’ai eu envie de porter le maillot bleu-blanc-rouge », se remémore l’athlète.
Après plusieurs podiums nationaux dans les catégories steeple, Marie Bouchard obtient sa première sélection en équipe de France en 2015 et participe au championnat d’Europe de cross-country. Elle termine alors sa quatrième année d’études de médecine et décide de partir pour les États-Unis. « Grâce à une bourse sportive, j’ai passé deux ans à San Francisco, où j’ai beaucoup progressé. J’ai ensuite été sélectionnée à cinq reprises en équipe de France et obtenu plusieurs podiums au niveau national dans différentes disciplines : cross-country, semi-marathon, 3 000 mètres steeple, 3 000 mètres en salle… »
Concilier sport de haut niveau et études de médecine
Malgré ces succès sportifs, Marie Bouchard n’a jamais songé à arrêter ses études. « La médecine m’a toujours intéressée. Dès ma première année à l’université, mon entourage me répétait qu’il serait compliqué de concilier compétitions et études. J’ai alors pensé à devenir médecin militaire en me disant que le sport devait occuper une place importante dans cette discipline. Puis, lors d’un stage national d’entraînement, j’ai rencontré des jumeaux qui couraient en équipe de France et qui venaient de réussir leur concours de médecine à Bordeaux. J’ai eu la confirmation que tout était possible ! »
Marie Bouchard pense alors à devenir médecin du sport – « un vrai cliché ! », sourit-elle –, avant de partir en 2019 en vacances dans les Alpes avec l’association Handi cap évasion. Au sein d’un groupe de vingt personnes, dont quatre sont en situation de handicap et se déplacent sur des joëlettes, elle rencontre un médecin MPR qui partage son temps entre centres sportifs et centres de rééducation. « Exactement ce que je veux faire ! En sixième année, j’ai toutefois failli changer d’orientation suite à un stage chez un médecin généraliste à Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales. J’ai fait beaucoup de traumatologie en raison de la proximité des centres d’entraînement. J’ai adoré. Mais ce n’était finalement pas représentatif de ce qu’est la médecine générale, notamment en Bretagne », confie la future médecin.
En 2022, Marie Bouchard devient donc interne en MPR. Et salue avec gratitude la faculté de médecine de Brest, qui lui a permis d’adapter son emploi du temps. « J’ai dédoublé mes cinquième et sixième années en étalant les stages sur un an. Ce qui m’a permis de participer à tous les entraînements, notamment à Font-Romeu. J’ai aussi réalisé le deuxième semestre de mon internat en douze mois. Je me sens chanceuse par rapport à d’autres universités. »
Marie Bouchard, qui court entre sept et dix fois par semaine, soit près de 150 kilomètres, a aujourd’hui repris un temps plein : « Je me lève avant le stage pour courir et j’y retourne en fin de journée ou à l’heure du déjeuner ». Plus que jamais déterminée.
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