« Que l’engouement pour le mouvement paralympique et le parasport se poursuive après les Jeux. Et que nous réussissions à convaincre les personnes en situation de handicap et leurs proches, leurs aidants, de pratiquer un sport, en compétition ou en loisirs, car c’est un formidable révélateur de potentialités individuelles, un facteur d’épanouissement et de confiance en soi », tel est le vœu que formule la Dr Orianne Lopez, médecin du Comité paralympique et sportif français (CPSF) à l’approche des Jeux paralympiques de Paris.
Née avec une agénésie fémorale droite, la jeune médecin a eu, dès l’enfance, la chance, et sans doute aussi la volonté, que sa différence ne soit pas un obstacle. « Stimulée par mon frère jumeau, j’ai connu une scolarité normale et testé très jeune différents sports en club ordinaire. J’en changeais souvent car j’étais, entre autres, confrontée à un excès de précautions. Au tennis, on avait peur que je sois fatiguée. Au handball, on me cantonnait dans les buts… » En 2003, elle assiste à la télévision aux performances de l’athlète Dominique André, amputé tibial. Une révélation. « J’en ai parlé aux soignants qui me suivaient, notamment à mon prothésiste. Et en septembre 2003, j’ai commencé à courir en club, avec une prothèse adaptée. » Rapidement, ses résultats la conduisent à participer à des compétitions nationales et internationales : Championnats du monde juniors de 2005 à 2010 puis Championnats du monde Élite en 2011 et 2013, ou encore Jeux paralympiques de Londres en 2012, jusqu’à sa dernière compétition sous le maillot tricolore : les Championnats d’Europe en 2018.
La médecine, j’y suis allée presque sur un coup de tête !
Dr Orianne Lopez
Médecin du « handicap »
En 2019, Orianne Lopez décide de tourner la page de sa carrière sportive pour se consacrer à la médecine. Un choix qui révèle aussi la personnalité forte de l’athlète. « En terminale, ma candidature avait été retenue pour effectuer un BTS d’orthoprothésiste à Valence mais cette option s’est révélée compliquée sur les plans logistique et financier. » Elle se rend alors à des journées portes ouvertes organisées par la faculté des sciences pour se renseigner sur différents métiers. Lorsqu’elle souhaite des informations sur celui d’infirmière, « la dame qui tenait le stand m’a demandé pourquoi je boitais et lorsque je lui ai expliqué, elle m’a découragée sans même me donner les documents. Le soir même, j’en ai parlé à ma kiné qui m’a incitée à m’inscrire en médecine : “À 2 000 dans un amphi, personne ne fera attention à toi !” Alors j’y suis allée. Presque sur un coup de tête ! », se remémore-t-elle.
Dès la première année, les cours la passionnent. Pendant son externat, Orianne Lopez est attirée par les « spécialités qui permettent de suivre les patients sur un temps long ». Son stage en médecine physique et de réadaptation est une nouvelle révélation. « C’est une spécialité transversale, qui fait passer la fonction avant l’organe et qui vise l’autonomie et la qualité de la vie. Ce qui me correspond tout à fait ! » Alors si Orianne Lopez a aussi obtenu un DESC de médecine du sport, elle se définit avant tout comme « médecin du handicap ». Et aussi du paralympisme. Médecin aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, elle signe son CDI avec le CPSF en novembre de la même année et sera médecin-chef de délégation lors des Jeux d’hiver à Pékin l’année suivante.
Aujourd’hui, elle exerce trois jours par semaine pour le CHU de Montpellier – dans le service de neuropédiatrie et à l’Institut Saint-Pierre de Palavas-Les-Flots (sous convention), essentiellement auprès de patients avec maladies neuromusculaires – et deux jours par semaine au CPSF. Médecin coordinateur du Comité, elle effectue un travail administratif et de coordination : avant les Jeux, elle a notamment élaboré un questionnaire de santé pour la délégation, échangé avec les médecins et kinés des 13 fédérations qui gèrent les 22 disciplines paralympiques sur les besoins des athlètes, a assuré la logistique sur les plans médical et pharmaceutique, organisé les espaces de récupération, sélectionné et réparti les soignants…
« Nous devons anticiper tous les besoins de santé qui peuvent l’être, nous sommes là pour accompagner nos équipes vers la performance. Et pendant les Jeux, nous assurerons la permanence des soins en prévention et en traitement pour les sportifs et leurs staffs », complète-t-elle. Depuis le 19 août, en amont de l’arrivée des équipes, et trois semaines durant, la Dr Orianne Lopez est donc présente au village paralympique avec quatre collègues médecins, un cinquième étant affecté au site de Châteauroux, où se dérouleront les épreuves de para tir sportif. Un dispositif complété par deux médecins disciplinaires, 34 kinésithérapeutes, trois infirmiers, un aide-soignant et une psychologue.
Avant l’ouverture de la compétition, un autre rendez-vous attendait le Dr Orianne Lopez : le 25 août, elle a porté la flamme paralympique à Montpellier, dans « sa » ville. Une reconnaissance supplémentaire d’un parcours hors normes.
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