Juillet 2022 dans la ville du Caire en Egypte. La France vient de remporter huit titres aux championnats du monde d’escrime, dont quatre médailles d’or. C’est un souvenir que chérit la Dr Oriane Hily, médecin de l’équipe de France de la discipline… en attendant juillet 2024. À quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la jeune docteure de 35 ans ne cache pas sa « grande impatience ». Elle renchérit : « Nous allons vivre beaucoup d’émotions fortes. Je suis fière d’occuper ce poste et j’ai aussi parfaitement conscience de mes responsabilités. Il faudra être prêt. » Elle l’est assurément. Passionnée par le sabre depuis l’âge de six ans, elle a elle-même disputé de nombreuses compétitions avec, en 2024, une très jolie 27e place au classement national d’escrime. « C’est un atout pour les JO. Je connais l’ambiance des combats, leur déroulé. Les athlètes et moi parlons le même langage, ce qui facilite la confiance. Je connais bien les contraintes de la discipline. Parfois, malgré une blessure, j’autorise un entraînement partiel, en interdisant uniquement les fentes par exemple », explique-t-elle.
C’est en 2016 qu’Oriane Hily a soutenu sa thèse de médecine générale avant d’obtenir, un an plus tard, un diplôme d’études spécialisées complémentaires en médecine du sport. Originaire de Nancy, elle rejoint en 2017 le Centre universitaire de médecine du sport et d’activités physiques adaptées au CHU, tout en s’investissant dans l’encadrement médical d’escrimeurs lors de compétitions locales. En 2019, elle devient médecin fédéral en région Bourgogne-Franche-Comté avant d’accompagner l’équipe de France Juniors pour une compétition à l’été 2021 puis de rejoindre les Seniors « dans la foulée ». « Depuis deux ans et demi, j’encadre les escrimeurs au quotidien. Beaucoup s’entrainent à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep). Je viens donc à Paris un mardi sur deux pour réaliser des consultations, suivre l’entrainement du soir et être à la disposition de chaque athlète. » À ces déplacements s’ajoutent beaucoup d’échanges à distance avec les sportifs, les entraineurs et ses collègues du centre médical de la célèbre institution.
Tout imaginer, tout prévoir
Anticipation et capacité d’adaptation sont pour la Dr Oriane Hily les qualités les plus importantes à l’approche d’une compétition. « Il faut imaginer tous les scénarios possibles, identifier en amont les ressources disponibles qu’il s’agisse d’accéder à un spécialiste ou à un centre d’imagerie. Mon expérience des compétitions m’a aidé à me préparer et aussi à optimiser le contenu de ma trousse médicale ! » Pour ces Jeux 2024, des séminaires de préparation lui ont également permis de prendre connaissance des règles d’organisation du Comité international olympique (CIO) et du Comité national olympique et sportif français (Cnosf), lesquelles s’ajoutent à celles des fédérations internationale et française. « Nous devons par exemple respecter certaines contraintes en cas de recours à des aiguilles. Même l’utilisation de produits non dopants par voie injectable nécessite une déclaration particulière », souligne-t-elle.
Je reste fascinée par les capacités d’adaptation du corps humain à presque toutes les situations
Tout au long des JO de Paris, la Dr Oriane Hily surveillera la santé physique et mentale des 24 athlètes sélectionnés, répartis dans six équipes. « Cela impose d’interagir en permanence avec de nombreux professionnels - psychologues, préparateurs, kinésithérapeutes, diététiciens…- et parfois je fais aussi l’interface avec les entraineurs. » Une pluridisciplinarité qu’elle affectionne et qui l’a précisément conduite à s’orienter vers la médecine du sport. « Notre exercice fait appel à de nombreuses disciplines : l’orthopédie, la cardiologie, la pneumologie, la médecine générale… Je reste par ailleurs fascinée par les capacités d’adaptation du corps humain à presque toutes les situations : le chaud, le froid, l’altitude, la maladie et bien sûr, l’entraînement sportif qui permet de développer des capacités incroyables », s’enthousiasme-t-elle.
Dès le 27 juillet, le Dr Oriane Hily se positionnera, confiante, sur le bord de la piste dans la nef du Grand Palais. « Je ferai partie des premiers à arriver sur le site et je repartirai avec les derniers à la fin des contrôles anti-dopage. Et je serai évidemment disponible 24 heures sur 24. » Un dévouement total en parfaite adéquation avec la devise des JO : « Plus vite, plus haut, plus fort. »
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