Il y a tout juste un an, le Pr Stéphane Culine ne cachait pas ses inquiétudes quant à la réforme du DES d’oncologie médicale.
« C’est un sujet de préoccupation pour nous, puisque la durée de formation devrait être réduite de manière non négligeable », indiquait alors au Quotidien le président du Collège national des enseignants de cancérologie. À l’époque, la réforme prévoyait un DES toujours en 5 ans, mais avec une phase de « mise en responsabilité » lors de la cinquième année. L’idée du gouvernement était que cette dernière année du DES remplace la « séniorisation » des deux ans de post-internat. Et que les internes puissent être autonomes et s’installer directement à l’issue de ces cinq années de DES.
« Un an après, cette volonté des pouvoirs publics de "sénioriser" la dernière année du DES reste intacte, ce qui continue à nous inquiéter », explique aujourd’hui le Pr Culine. « En fait, depuis un an, les choses n’ont pas évolué de façon majeure. Le seul fait vraiment notable est le statu quo administratif qu’on a connu pendant plusieurs mois, avec le changement des porteurs du projet au niveau ministériel. Ce qui a abouti à décaler la mise en place de la réforme d’une année ».
Aujourd’hui, il est toujours prévu que le DES se déroule sur cinq ans. « À un moment, il avait été envisagé d’éventuellement réduire la phase socle à trois semestres au lieu de quatre. Mais c’était infaisable et l’idée a été abandonnée. Donc, le DES devrait rester à cinq ans. Sur ce point, il n’y a pas d’incertitude », souligne le Pr Culine. Pour le reste, le DES devrait comporter une phase de « consolidation » au cours de la cinquième année. « Mais il n’est pas certain que ce terme de consolidation soit celui qui sera gardé au final. Le nom a en effet déjà été changé une fois », souligne le Pr Culine, qui se félicite de l’abandon du projet de maquette précédent qui prévoyait cette fameuse « mise en responsabilité » pour clôturer le DES. « Cela posait des problèmes juridiques et cela supposait que les internes passent leur thèse en fin de quatrième année. Cela obligeait aussi à changer le statut des internes au niveau hospitalier. Aujourd’hui, on est revenu à une maquette où les internes passeront leur thèse à la fin de leur DES », se félicite le Pr Culine.
Une 5e année encore en discussion
Mais les interrogations demeurent autour de cette cinquième année du DES. « Pour les tutelles, l’objectif est toujours que les internes puissent être autonomes à la fin du DES, sans avoir nécessairement à faire de post-internat. Cela suppose donc que la phase de séniorisation se fasse lors de cette cinquième année. Alors certes, on peut toujours s’organiser dans les services pour que les internes participent davantage aux RCP ou aux consultations. Mais ces internes n’auront pas le droit à la primoprescription puisqu’ils ne sont pas encore médecins. Et il ne semble pas possible qu’on puisse avoir le même niveau de séniorisation que lors d’un post-internat de deux ans. Dans ces conditions, nous avons de très fortes réserves sur la capacité de nos internes à s’installer d’emblée à l’issue du DES. Ces réserves sont partagées par les internes qui, dans leur quasi-totalité, veulent faire ces deux ans de post-internat », souligne le Pr Culine.
Certes, les internes garderont la possibilité de faire un post-internat. « Mais nous aurons un gros problème pour trouver des postes pour tout le monde. Chaque année, 125 nouveaux internes entrent dans la filière et il est clair que nous n’avons pas 125 postes de post-internat à offrir aujourd’hui. En effet, aujourd’hui la grande majorité de ces postes se font lors d’un clinicat et il est évident que les facultés ne vont pas augmenter le nombre de postes de chefs de cliniques. La seule solution serait de créer des postes d’assistanat, ce qui revient à mettre la pression sur les hôpitaux », souligne le Pr Culine.
Formations spécialisées transversales
Les prochains mois seront importants, puisque le souhait des ministères concernés est que toutes les maquettes soient validées avant l’été. Un autre dossier concerne la mise en place des Formations spécialisées transversales (FST), destinées à remplacer les DESC. « Ce sont des formations complémentaires qui intéressent un certain nombre de nos internes, par exemple sur les soins palliatifs ou la pharmacologie. Il s’agit de formations d’une durée de deux ans qui devront être suivies en même temps que le DES avec une possibilité de débordement d’un an sur le post-internat », précise le Pr Culine.
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