Une étudiante de deuxième année de médecine a porté plainte pour injures antisémites proférées par d'autres étudiants de son université Paris 13, relaie l'AFP après avoir contacté l'avocat de la plaignante.
La jeune fille de 20 ans raconte avoir fait l'objet de harcèlement à caractère antisémite de la part d'un groupe d'élèves de l'université, notamment dans le cadre de la préparation du week-end d'intégration de la fac de médecine, selon des informations révélées par Europe 1.
Des faits inacceptables pour la ministre de l'Enseignement supérieur
« On est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens, puis on invente un jeu qui s'appelle le "freespa", le lancer de kippa qu'on jette par terre », raconte-t-elle au micro d'Europe 1.
Ces faits « sont profondément inacceptables », a réagi ce lundi la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal.
La plainte a été déposée dans un commissariat du Val-d'Oise le 20 octobre, a indiqué à l'AFP son avocat, Antonin Péchard. Le parquet de Bobigny a décidé d'ouvrir une enquête, confiée à la sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.
La présidence de l'université a indiqué avoir reçu la jeune femme ainsi que les étudiants mis en cause. « L'université Paris 13 a immédiatement saisi la commission disciplinaire. Elle a en même temps procédé à une dénonciation auprès du procureur de la République », peut-on lire.
« Au surlendemain de l'attaque antisémite de Pittsburgh aux États-Unis, je veux rappeler que les mots aussi peuvent tuer et que les injures et les gestes déplacés ont toujours été les prémices de violences plus grandes encore », a déclaré Frédérique Vidal. Elle « salue le fait que l'université Paris 13 ait pris les décisions qui s'imposaient dès que les faits ont été connus ».
La ministre indique qu'elle recevra « dès aujourd'hui le président de l'université Paris 13 afin de faire le point avec lui sur les dispositifs de prévention mis en place dans son établissement et sur les actions qui peuvent être immédiatement engagées pour mettre fin à ces dérives inacceptables ».
Deux référents « racismes et antisémitismes » ont été nommés dans cette université, suivant les recommandations du plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme annoncé par le premier ministre Édouard Philippe, au printemps.
Condamnation des carabins
Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), a demandé à l'université de « condamner publiquement ce genre de pratiques et d'engager des procédures de sanction exemplaires ». Car « l'université française ne saurait tolérer cet antisémitisme qui imprègne la vie étudiante », a-t-il écrit sur Twitter.
Je demande à la présidence de l'université Paris 13 de condamner publiquement ce genre de pratiques et d'engager des procédures de sanction exemplaires. L'université française ne saurait tolérer cet antisémitisme qui imprègne la vie étudiante.@cpu @uejf https://t.co/JYjjYKOwYe
— Frédéric Potier (@FPotier_Dilcrah) 29 octobre 2018
L' Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a condamné « fermement tous propos à caractère raciste ou antisémite pouvant être tenu ».
Il y a moins d'une semaine, la ministre de l'Enseignement supérieur avait réuni plusieurs acteurs de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme après la récente « recrudescence » d'actes antisémites dans différents établissements.
En septembre, des tags antisémites visant le président de l'Université Grenoble-Alpes (UGA) ont été découverts sur le campus grenoblois. Mi-octobre, des tags ont été retrouvés dans une salle de classe du campus de l'école de commerce HEC. La semaine dernière, des croix gammées ont été taguées à la faculté de droit Assas (Paris 2).
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