Ils ne lâcheront rien. Malgré deux ans de bataille acharnée et de feuilleton médiatique, les parents et les étudiants en médecine toujours opposés à la réforme de la Paces ne déclarent pas forfait. Ce mercredi, le collectif Pass/L.AS a même déposé un recours en contentieux au Conseil d’État pour enjoindre Élisabeth Borne d’abroger la réforme.
Une première demande avait déjà été déposée en août dernier, restée lettre morte. « Le gouvernement s’entête à ne pas admettre la nécessité de "réformer la réforme" », regrette le collectif qui dénonce « le scandale » de cette nouvelle mouture, instaurée à la rentrée 2020 « en total dépit du bon sens ».
En 24 mois, les conséquences de cette refonte ont été « catastrophiques », déplore l’association, citant en vrac des « places en 2e année non pourvues, la sélection sur des critères variables aberrants, des oraux invraisemblables, des étudiants brillants poussés vers l’étranger ».
Une réforme « entachée d’illégalité »
Dans le recours déposé à la section contentieux du Conseil d’État, le collectif dénonce une réforme « entachée d’illégalité ». Le document pointe les défauts d’une épreuve orale « inique », « contraire au principe d’égalité de traitement ». Aussi, dans certaines facs, cette épreuve pouvait compter jusqu’à 70 % de la note finale pour l'accès aux études médicales, reléguant les examens écrits à 30 %.
Un traitement d’autant plus « disproportionné », selon le recours, que les compétences demandées aux carabins restaient floues, les questions – portant par exemple sur la grande barrière de corail ou les montres connectées – sans lien avec la médecine. Capacité à défendre une opinion, à communiquer, à faire preuve d’empathie ou d’argumentation : « Cet inventaire à la Prévert est problématique puisqu’il témoigne de l’indécision des compétences à évaluer » lors de l'oral, justifie le collectif.
« Il n’est donc pas possible que deux épreuves orales portant sur des sujets, qui ne sont pas forcément du domaine de la santé pour une durée totale de vingt minutes, comptent autant pour la note finale que l’ensemble des épreuves écrites qui sont venues sanctionner les enseignements ayant permis tout au long de l’année aux étudiants d’acquérir les compétences nécessaires pour accéder » aux formations médicales sélectives (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie – MMOP), tacle le recours.
Inégalité de traitement
Le collectif constate également une rupture d’égalité de traitement autour des deux voies qui remplacent la Paces – les Pass (parcours d'accès spécifique santé) et les L.AS (licences avec option accès santé). Par exemple, les L.AS sont admis en MMOP sur des épreuves portant majoritairement sur des connaissances « hors santé ». « Comment apprécier les mérites respectifs de candidats qui ont été évalués sur des matières aussi différentes que droit, économie, géographie, informatique, philosophie ? », s’interroge le collectif.
Quant à la diversité des profils espérée, c’est un leurre, souffle l'association. « Ce n’est pas parce qu’un étudiant a un ou deux ans de droit ou de géographie qu’il est juriste ou géographe », ironise le collectif qui ne peut que constater l'échec de la réforme imaginée par Agnès Buzyn. « Sous prétexte de garantir la diversité des parcours des étudiants, le système contribue à générer des places vacantes, à briser des vocations, à mettre en échec des étudiants motivés », conclut le texte déposé au Conseil d'État.
Présente au congrès du Collège national des enseignants généralistes (CNGE) mercredi à Lille, l’Association nationale des étudiants en médecine (Anemf) a elle-même pointé « le fiasco » de la réforme. En septembre dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur avait promis des adaptations, tout en fermant la porte à une abrogation de la réforme du premier cycle.
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