La moitié du budget des internes franciliens s'évapore, chaque mois, dans leur logement. Une situation inacceptable pour deux syndicats d'internes parisiens - le Syndicat des internes des hôpitaux parisiens (SIHP) et le SRP-IMG -, qui avaient montré en 2021 que, malgré les revalorisations du Ségur, 46 % du salaire mensuel des carabins était aspiré par le loyer. Et 34 % des internes de région parisienne doivent également avoir recours à une aide financière familiale pour se loger.
Conséquence : « la pression du prix des loyers les repousse en périphérie et prolonge leur trajet quotidien qui se surajoute à une moyenne de travail hebdomadaire de 58 heures », déplorent les syndicats d'internes. « Impossible d’être en bonne santé physique et psychique quand on est isolé en périphérie parisienne, on ne peut pas déconnecter du travail, faire du sport… », abonde Alexandre Brudon, vice-président du syndicat.
Nourris, logés, blanchis… en théorie
Face à l'augmentation des loyers en Île-de-France, les hôpitaux parisiens « ont petit à petit abandonné leur responsabilité de loger les internes », déplore-t-il. Le Code de la santé publique précise pourtant bien que l’hôpital est tenu de faire bénéficier les carabins « du logement, de la nourriture, du chauffage et de l’éclairage ». Une contrepartie octroyée en 1958 lors de la réforme des CHU « pour compenser le salaire frugal des internes et leurs volumes horaires », rappelle Alexandre Brudon, qui estime désormais que les établissements ne remplissent plus leurs obligations.
Or en Île-de-France, les internats ferment à tour de bras et, pour ceux qui restent, « une frange importante a basculé du côté de l’indécence », souffle l’interne. Isolation « déplorable », risque fongique, parasites et rongeurs. « Les internats sont devenus inhabitables et ceux qui existent toujours accueillent des FFI dans des conditions d’extrême précarité et à la limite de l’insalubrité », déplore-t-il.
Si l’établissement n’est pas en mesure de fournir un logement aux internes, la loi prévoit une indemnité compensatrice de 84 euros. Bien loin des 790 euros de loyers moyens mensuels observés par le SIHP. « Depuis de trop nombreuses années, les hôpitaux profitent d’une main-d’œuvre à bas coût pour faire tourner leurs services et n’assument plus l’obligation qui leur incombe de compenser leur faible salaire par l’hospitalité », déplore le syndicat parisien.
500 logements à 300 euros
Pour contrer une situation devenue intenable, le SIPH et le Syndicat parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG) proposent un plan logement ambitieux pour les futurs médecins franciliens, avec pour première volonté de faire peau neuve des vieux internats des hôpitaux d’Île-de-France. Un plan sous forme de coup de pression pour les hôpitaux. « Nous sommes déterminés à ce que les hôpitaux prennent leur responsabilité en matière de logement et nous conditionnerons le maintien d’internes dans certains hôpitaux au degré d’investissement de ces derniers sur la question du logement », met en garde le syndicat.
Le SIHP et le SRP-IMG planchent également sur la création à terme de 500 logements meublés pour les internes à 300 euros de loyer par mois, en mobilisant les propriétés des hôpitaux de Paris et de la Fédération hospitalière de France (FHF). « L’AP-HP a déjà entièrement rénové des appartements de son parc privé dans le 13e arrondissement et 12 places seront affectées aux internes dès mai 2022 », détaille Alexandre Brudon. Les deux syndicats d’internes espèrent 50 logements de plus d’ici fin 2023.
Immeubles entiers
En outre, à Saint-Ouen, Créteil et Poissy, les syndicats s'associent actuellement avec une société montpelliéraine qui va construire des immeubles entiers dédiés aux carabins, à qui celle-ci proposera des loyers modérés. Des colocations ou des studios qui devraient sortir de terre pour les premières d’ici 2024.
Alors que 25 % des futurs médecins parisiens déclarent ne pas disposer d’un garant solvable pour leur dossier de location - « leur interdisant l’accès au parc privé », selon le SIHP - le syndicat assure par ailleurs pouvoir obtenir l’extension de la garantie Visale pour les internes. « Jusqu’alors, il y avait une ambiguïté sur le fait que l’interne, de par son statut, pouvait bénéficier de cette caution solidaire, cela devrait être réglé dans les mois à venir », espère Alexandre Brudon.
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