Invité ce jeudi après-midi au congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) à Lille, pour une intervention expresse, François Braun a tenu à donner des gages aux enseignants et aux internes sur la très controversée 4e année d’internat de médecine générale.
Le ministre de la Santé a fait deux promesses. Pour consolider le contingent de maîtres de stages universitaires (MSU), l’urgentiste a promis qu'en 2023 « toutes les formations à l’encadrement soient validées hors quotas » DPC. Une manière de prolonger l’exception dont bénéficie la formation à la maîtrise de stage.
En second lieu, François Braun a souhaité « donner des gages de prévisibilité » aux carabins. Le ministre s’engage « à publier les textes réglementaires sur la 4e année, au plus tard en juillet 2023, pour que nos internes puissent faire leur choix de spécialité en toute connaissance de cause », dès l'été.
Mission
« C’est une petite révolution et c’est vous qui allez la mettre en œuvre ! », a insisté le ministre de la Santé devant plus de 2 000 médecins généralistes et futurs confrères. L’urgentiste a rappelé sa « philosophie » de « renforcer la formation des futurs généralistes, un engagement de campagne du président de la République ».
Pendant une vingtaine de minutes, François Braun a aussi écouté avec attention le rapport d’étape de la mission sur cette phase de consolidation. Lancée en septembre dernier par le ministère de la Santé et celui de l’Enseignement supérieur, cette mission — conduite par quatre confrères – a déjà procédé à une quarantaine d’entretiens « de structures potentiellement impactées par la 4e année », a précisé le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE et lui-même membre de la mission.
Pas de coercition
Devant François Braun, le Pr Saint-Lary a livré quelques-uns des prérequis à la mise en place réussie de cette année supplémentaire, avec une ligne rouge : « pas de coercition pendant la phase de consolidation », précisant qu'aucune des structures territoriales auditionnées n’y était favorable. « Ça tombe bien, moi non plus ! », a juré François Braun. Le ministre a martelé sa doctrine : « inciter et même convaincre les jeunes à s’installer en zones sous-dotées ».
Pour inciter justement les futurs généralistes, la mission se positionne en faveur d'une rémunération à l’acte pendant cette année de docteur junior. « Il faut une rémunération qui comprenne une part de variable en fonction des honoraires perçus », plaide le Pr Olivier Saint-Lary. Sur ce point, François Braun est resté plus évasif, évoquant une « rémunération spécifique dans les zones sous-denses ».
Des MSU sur place ?
À l’instar des jeunes, la mission a insisté sur l’importance de l’encadrement des internes. Avec 20 % des généralistes maîtres de stage, « la dynamique est bonne », salue le Pr Saint-Lary. Gratifié d'une standing ovation, le président du CNGE a réclamé « des moyens supplémentaires » pour les MSU et l’enseignement universitaire. Une intervention à laquelle a souscrit le ministre de la Santé… sans pour autant s’engager publiquement sur des crédits supplémentaires.
Un critère reste non négociable pour la mission sur la quatrième année, à savoir « que les internes soient systématiquement encadrés par des MSU dans des lieux agréés où exercent un ou plusieurs généralistes », résume Olivier Saint-Lary. « Il ne doit y avoir aucune ambiguïté possible ! », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris, alors que le texte de loi évoque simplement la présence de MSU « du bassin de vie ». Là encore, François Braun s'est montré sibyllin, garantissant « la présence d’un médecin, qu’il s’agisse ou non d’un MSU ».
Guichet unique, formation à la gestion…
D’autres propositions ont été formulées, comme la création d’un guichet unique pour le docteur junior – capable d’orienter vers des solutions de logement ou de transport, une « excellente idée » pour François Braun – mais aussi l’ouverture d’un stage libre ou encore une formation à la gestion de cabinet. Le rapport complet de la mission devrait être rendu d’ici la fin du mois de janvier.
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