Rebelote ! Un an après un premier conflit entre l’agence nationale du DPC et le Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg), le scénario se répète. Fin janvier, le Dr Philippe Serayet, président du Snemg, a voulu « pousser un coup de gueule » contre le « diktat » de l'ANDPC, accusée de « saboter » la formation des futurs généralistes.
Au cœur de la polémique, comme fin 2021 : la prise en charge de la formation à la maîtrise de stage universitaire (MSU) par l’ANDPC, qui serait trop restreinte. Ces actions de formation sont financées « hors quota » par l’agence, c’est-à-dire en plus du droit de tirage annuel de 21 heures. Dans un contexte tendu, marqué par l’ajout d’une quatrième année à l’internat de médecine générale, les généralistes ont plus que jamais besoin de se former largement à l'encadrement de juniors, plaident les universitaires. Alors que l’Hexagone compte 12 000 MSU, « il en faudrait 16 000 au total d’ici à novembre 2026 », estime le Dr Serayet. Une montée en puissance que le gouvernement a promis de soutenir. En décembre, François Braun a ainsi annoncé que toutes les formations MSU continueraient d’être prises en charge hors quotas cette année.
Dossiers en attente
Mais le Snemg accuse aujourd'hui l’agence du DPC de faire du « zèle » et d’empêcher la tenue de formations à la maîtrise de stage « pour rester dans l'enveloppe », accuse le Dr Serayet. Il estime qu’en ce début d’année 75 % des dossiers pédagogiques déposés par les organismes de formation « sont mis en attente et ne sont pas validés ». Une dérive « kafkaïenne » pour le généraliste du Gard, qui laisserait sur le carreau de nombreux généralistes, désireux de se former à la maîtrise de stage universitaire. « Ils risquent de se décourager, c’est dramatique », déplore-t-il.
En découvrant le communiqué accusateur des enseignants de médecine générale – cosigné par les syndicats d'internes, d'étudiants et les jeunes généralistes remplaçants et installés de Reagjir – Michèle Lenoir-Salfati, directrice générale de l’ANDPC, s’est dite « très étonnée ». « Les formations sont toujours en hors quotas », assure-t-elle, rappelant que « l’agence est un opérateur de l’État et met en œuvre les dispositions du ministère ». Si la directrice de l’ANDPC concède que « certaines formations initiales, comme celle du CNGE, n’ont pas été validées », ce refus serait lié au fait « qu’elles ne couvraient pas tous les objectifs pédagogiques ». Deux autres formations initiales pour devenir MSU auraient déjà été publiées, rassure-t-elle.
Face aux reproches de logique « comptable », la directrice de l’agence réfute toute volonté de blocage. « Ce n’est pas une question d’enveloppe budgétaire mais de contenu pédagogique », explique-t-elle. Pour Michèle Lenoir-Salfati, la communication des enseignants de médecine générale et des carabins serait un « coup de pression » autour de la 4e année d'internat, « inutile car l’ensemble des acteurs souhaitent que ça fonctionne ».
En filigrane, la question du financement et des priorités
Toujours est-il qu’avec près de 24 millions d’euros alloués par l’ANDPC aux formations MSU depuis 2017, « la question du financement hors quota va se poser à l’avenir », admet Michèle Lenoir-Salfati. Entre 2020 et 2022, 5 488 médecins se sont engagés dans une formation à la maîtrise de stage (initiale ou continue). Rien qu’en 2022, ces actions représentaient un coût de 4,3 millions d’euros pour l’ANDPC – pour 2 159 confrères formés – soit 5 % de l’enveloppe dédiée au DPC des médecins sur l’année.
Entre l’arrivée de la certification périodique en 2023 et la montée en puissance des stages ambulatoires dans d’autres spécialités comme la gynécologie ou la cardiologie, les besoins vont croître. « Il y a aussi les sages-femmes qui deviendront MSU avec l’ajout d’une sixième année de formation, c’est très probable qu’elles demandent, elles aussi, le hors quota », imagine Michèle Lenoir-Salfati.
Même la CMSF s’en est mêlée, soulignant que l’exception dont bénéficient les MSU avec le financement hors quota « a un coût qui ampute l’enveloppe globale de formation de tous les médecins et diminue donc l’accès à toutes les autres orientations prioritaires de formations disponibles ». Derrière ces communiqués, c'est donc bien un bras de fer qui se joue aussi sur les priorités de financement en matière de formation continue.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale