« En médecine, nous devons gagner une bataille culturelle : celle de ne plus être corvéables à merci ! », a lancé Théophile Denise, vice-président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) devant près d’un millier de futurs généralistes réunis à Lyon en fin de semaine dernière.
Face aux risques psychosociaux qu'engendre le travail de nuit, le syndicat pousse à la reconnaissance de la pénibilité des gardes, à l'instar des organisations de praticiens hospitaliers. Fin juillet, l’Isnar avait d'ailleurs rencontré François Braun pour lui exposer ses revendications, à commencer par la mise en place « d’une majoration pérenne des gardes à hauteur de 50 % », a rappelé Théophile Denise, acclamé par ses camarades. À l'été, « le ministère nous avait promis une revalorisation continue, mais sa promesse n’a pas été tenue », regrette le futur généraliste.
Aussi, les carabins réclament une majoration de 100 % des indemnités de gardes « quand l’interne est volontaire ou - au contraire - lorsqu’on lui demande de faire un deuxième dimanche dans le mois », imagine encore le vice-président de l’Isnar.
Fin des 24 heures de travail
Main dans la main avec l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), l’Isnar souhaite notamment porter ses propositions dans le cadre des travaux de concertations engagés par François Braun sur la question de la pénibilité du travail à l’hôpital.
Dans l'immédiat, les internes demandent aussi au ministère que « l’obligation de travailler pendant 24 heures consécutives soit urgemment remise en cause », résume Théophile Denise. Y mettre fin est « un enjeu de santé publique » souligne encore l’interne clermontois, car après un jour de travail d'affilée « les médecins font cinq fois plus d’erreurs de diagnostic et 36 % d’erreurs médicales supplémentaires », dénonce-t-il.
« Dans toute l’Europe ou presque il est interdit de travailler 24 heures consécutives ! », a abondé Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni, citant le droit européen. « Il y a deux ans, en Angleterre, un médecin a même été condamné à de la prison pour avoir travaillé 24 heures d’affilée… », illustre encore la future urgentiste.
Accorder un repos avant la garde
Parce que le travail de nuit « entraîne une augmentation majeure des risques psychosociaux », rappelle Théophile Denise, les carabins souhaitent également que soit accordé un repos « pré-garde d’une demi-journée à tout interne qui en fait la demande », indique encore le futur généraliste auvergnat. Une pratique qui s’installe déjà progressivement dans certains services d’urgence, raconte Olivia Fraigneau : « Ça fonctionne très bien, soit vous faites la garde, soit vous faites la journée ».
« François Braun ne cesse de répéter qu’il va revoir l’organisation des gardes pour améliorer la qualité de vie des médecins », martèle Théophile Denise. Les juniors s’en remettent désormais au ministère de la Santé pour leur accorder de nouveaux droits.
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