Après trois mois d’alertes et de négociations avec la direction, les internes du CHU du Kremlin-Bicêtre ont finalement obtenu gain de cause. « Nous levons la grève, toutes nos exigences ont été acceptées », se félicite Alexandre Brudon, vice-président du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP).
Alors que les représentants d’internes alertaient depuis le mois de mai sur les « conditions de travail déplorables » des internes lors des gardes au service d’urgences, l’agrément de stage avait fini par être retiré en juillet dernier. Seulement, début octobre, les internes ont appris avec stupeur que la direction du CHU comptait faire fi de cette interdiction et accueillir de nouveaux des médecins en formation, pour faire tourner le service.
Pour protester contre cette décision, les organisations d’internes avaient décidé de lancer un préavis de grève le 29 octobre dernier. Quelques jours plus tard à peine, force est de constater que la menace a porté ses fruits. Le SIHP vient d'annoncer la levée de la grève - suivie par quelques internes depuis mardi - après avoir obtenu satisfaction auprès de la direction. Mieux : toutes les revendications portées par les représentations syndicales ont été acceptées.
Des efforts dès juillet
Les internes reprochaient notamment aux services des urgences un manque d’encadrement flagrant des juniors. « À partir de minuit, les internes sont quasiment seuls pour assurer le circuit long, pour le reste de la nuit, racontait par exemple un médecin en formation passé par le service. Les internes deviennent chefs et les externes internes. »
Suite aux alertes répétées des juniors mobilisés en garde de nuit, des mesures avaient été mises en place par la chefferie dès le mois de juillet. Ainsi, tous les dossiers doivent désormais être seniorisés, sous peine de blocage informatique. Par ailleurs, la direction s’était également engagée à ne plus déléguer les tâches des paramédicaux vers les internes. Certains juniors se plaignaient en effet de devoir brancarder eux-mêmes les patients, dans ce service qui brasse 60 000 malades par an.
« Ça fait du bien ! »
Après trois mois d’expérimentations, les nouvelles mesures semblent avoir convaincu les internes. Selon un sondage mené par le SIHP sur 16 juniors du service, 94 % trouvent que la situation s’est améliorée. « La réorganisation a été incroyable ! », estime l’un des internes interrogés. Par ailleurs, près de 70 % d’entre eux affirment désormais avoir accès à un senior quand ils en ont besoin. « On a enfin des interlocuteurs définis. Ça fait du bien ! », témoigne un autre interne de garde.
Fortes de ces améliorations, les organisations syndicales attendaient encore quelques ajustements de la part de la direction pour lever la grève. Elles réclamaient notamment de poursuivre le recrutement de seniors, de veiller au caractère formateur du stage, notamment grâce à la création d’un comité de suivi.
Mais aussi de protéger les internes de tout risque juridique, lié au défaut d’agrément de terrain de stage qui pourrait mettre en cause leur responsabilité pénale. Désormais, la direction devra établir un acte de modalité d’exercice des internes par délégation du chef de service des urgences, et sous sa responsabilité. L'ensemble de ces revendications a été accepté.
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