Amine Bouachba, interne en 9ᵉ semestre d’anatomopathologie à Marseille (AP-HM), a trouvé dans sa spécialité la diversité qu’il cherchait. « Je voulais une spécialité couvrant l’ensemble du corps humain. L’aspect manuel de la dissection m’a aussi beaucoup plu, tout comme le fait de poser des diagnostics au microscope, on est un peu en bout de chaîne », raconte-t-il. Dès son externat, il est attiré par cette discipline qui analyse minutieusement les échantillons d’organes, depuis le foie jusqu’à des fragments de peau, en passant parfois par des membres entiers, souvent touchés par des cancers.
À quoi ressemble son quotidien d’interne ? Ses matinées sont consacrées à la dissection et à l’analyse des pièces opératoires, une étape cruciale pour récolter des indices visuels avant d’observer l’après-midi ces tissus au microscope. C’est à cette étape qu’Amine, en collaboration avec ses confrères, rend les verdicts qui guideront ensuite la prise en charge. « Il y a souvent des échanges avec les chirurgiens ou les oncologues. En anatomopathologie, on n’est jamais seul », assure-t-il.
Derrière les clichés, une discipline au cœur de la prise en charge
Cette spécialité reste toutefois victime de clichés et il le reconnaît avec humour. « On nous imagine souvent comme des vampires ou des bouchers, cloîtrés dans notre bureau dans l’ombre, plaisante Amine. En réalité, la dissection est une procédure chirurgicale soignée. Loin d’être coupés du reste du monde, on collabore constamment avec les cliniciens. L’anapathologie est au cœur de la prise en charge des patients, environ huit décisions médicales sur dix sont prises à la suite d’un diagnostic d’anatomopathologiste », met-il d’ailleurs en avant.
Cette spécialité offre également un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. « L’anatomopathologie convient bien à ceux qui veulent éviter les spécialités d’organe, qui aiment la technique et souhaitent concilier vie professionnelle et personnelle, travail et vie de famille. » Il note aussi que 70 % des praticiens exercent dans le privé, information souvent méconnue des étudiants.
Une anecdote marquante
Au cours de sa formation d’interne, Amine a pris pleinement conscience de l’importance de sa spécialité. « Un jour, une oncologue m’a appelé pour me demander confirmation d’un diagnostic de cancer du sein sur un ganglion. Elle m’a expliqué qu’il s’agissait d’un patient, un homme, et m’a demandé si j’étais sûr de ma conclusion. J’ai réexaminé les lames et confirmé le diagnostic. Là, elle m’a répondu : “Ne vous trompez pas, il est anesthésiste”. En me disant cela, elle me rappelait les conséquences de mon diagnostic », raconte l’interne.
Pour un anapath, chaque « coup de stylo » ou « clic de souris » peut en effet avoir des effets sur la prise en charge du patient : une chirurgie à envisager, une chimiothérapie à démarrer, un traitement innovant à prescrire. « C’est à ce moment-là que tu réalises l’importance de ta décision : elle peut changer la vie du patient et celle de sa famille. Heureusement, dans cette spécialité, on n’est jamais vraiment seuls face à cette responsabilité, on peut toujours se concerter avec des collègues, c’est aussi ça que j’apprécie », loue Amine.
« C’est quoi ta spé ? » : la série pour tout savoir sur les différentes spécialités !
Dans ce nouveau rendez-vous mensuel, Le Quotidien plonge au cœur des expériences vécues par les internes des 44 spécialités médicales. Entre anecdotes, conseils avisés et histoires inspirantes, chacun trouvera de nombreuses clés pour faire un choix éclairé de spécialité et avoir un œil neuf sur les filières et les carrières. Que tu sois en pleine réflexion ou simplement curieux d’en savoir plus sur le quotidien des internes, « C'est quoi ta spé ? » propose des témoignages authentiques et uniques.
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