Nos politiques tentent depuis quelques années de trouver une solution pour repeupler les déserts médicaux qu’ils ont développés volontairement. C’est ainsi qu’il a été décidé d’envoyer les étudiants en formation dans des zones sous-denses. Cependant, cette solution, même si elle semble à première vue très attractive, doit nous amener à nous poser plusieurs questions.
Et d'abord, cette proposition semble ne concerner que les internes de médecine générale. Les autres seront-ils concernés d’une manière ou d’une autre, et à quel moment ?
Ensuite, envoyer durant 6 mois des étudiants voir des patients dans ces zones est-il réellement positif pour nos concitoyens ? En effet, il est important de connaître les patients que nous prenons en charge. Dans ce contexte, un stage de 6 mois, cela veut dire que les étudiants ne feront que du saupoudrage car connaître un patient et sa famille cela demande du temps et de la réflexion parfois.
Et puis, est-il normal de frustrer encore une fois une génération de jeunes médecins qui sont exploités dans les hôpitaux, et qui vont devoir travailler très dur dans des zones désertiques ? Cela ne va-t-il pas détourner les jeunes générations de la médecine générale ?
Enfin, de quelle manière vont-ils être rémunérés ? Si nous considérons qu’il s’agit d’internes et qu’ils doivent recevoir un salaire de 1 500 € par mois, cela est indécent.
Doc bashing
De toute manière nous pouvons retenir que les nouvelles générations vont souffrir d’un « doc bashing » ; phénomène orchestré savamment par les médias et les pouvoirs publics. Le but est de discréditer une profession qui se met au service des patients quoique nous puissions dire.
Le plus révoltant dans cette histoire, c’est de voir que les politiques, sans aucune concertation avec les médecins décident de la manière de former les professionnels de santé. Pensez-vous qu’un tel comportement pourrait être accepté dans d’autres universités que celles de médecine ?
Espérons qu’une mobilisation structurée (car il ne faut pas partir dans tous les sens pour être crédible) pour dénoncer cette situation permettra de répondre avec plus de précisions à certaines attentes et questions !
« Aujourd’hui, manœuvrer, dénoncer, flatter, faire preuve de cynisme et jouer les forts en thème suffit pour accéder au rang de supérieur. Les compétences passent au second plan » Kuperman N.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale