Les nouvelles modalités d’admission en deuxième année pour les étudiants des filières santé se précisent pour la prochaine rentrée. Un décret en Conseil d’État – ainsi qu’un arrêté – étaient en voie de publication afin, principalement, d’harmoniser les décriés oraux de première année, jugés inéquitables par de nombreux carabins, et de pondérer le poids de cette épreuve.
Pour rappel, le Conseil d’État avait donné en partie raison au collectif PASS-L.AS 21, qui dénonçait des modalités « illégales » de sélection dans le cadre des oraux de première année. La plus haute juridiction administrative avait alors sommé l’exécutif de revoir sa copie d’ici au 30 juin 2024. Dans la foulée, le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé ont organisé des ateliers de travail réunissant les acteurs concernés : doyens des trois filières, France Universités et associations étudiantes – dont l’Anemf et la Fage.
La règle des 30 %
Après plusieurs mois de travail, une nouvelle mouture des épreuves orales (contenu, compétences transversales, pondération) a fini par émerger, votée en juin par les membres du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser).
La première évolution majeure concerne le poids même des oraux. Jusqu’à maintenant, les universités avaient en effet la possibilité de pondérer, à leur guise, les groupes d’épreuves écrites et orales, un système source d’inégalités criantes. Dans certains cas, la valeur des oraux pouvait atteindre jusqu’à 70 % de la note finale, ce qui avait abouti à des déclassements spectaculaires de très bons profils. Avec le nouveau décret, les étudiants seront tous logés à la même enseigne avec une pondération des épreuves du second groupe (les oraux) « fixé au niveau national à 30 % » (avec une variation possible de plus ou moins 5 %). Un minimum de deux et un maximum de quatre oraux, d’une durée de dix minutes (hors temps de préparation), est par ailleurs décidé, ce qui marque là aussi une volonté d’harmonisation et d’équité.
Au-delà de la question des épreuves orales, une réflexion plus globale sur les PASS et L.AS semble indispensable
Expression orale et capacités de synthèse
Deuxième grand changement, les « compétences transversales » à mobiliser par les étudiants dans le cadre de cet examen oral sont recadrées, ce qui n’était pas le cas avant. Il est notifié que le second groupe d'épreuves « évalue des compétences transversales, telles que l'aptitude à l'analyse et à la synthèse, à l'expression orale, à la communication, au travail individuel et collectif, au repérage et à l'exploitation de ressources documentaires, ainsi que des compétences numériques et de traitement de l'information et des données ». Depuis l’entrée en vigueur de la réforme du premier cycle en 2020 (ayant supprimé la PACES et le numerus clausus au profit de deux nouvelles filières PASS et L.AS), le contenu des oraux avait fait l’objet de vives critiques, considéré comme parfois trop éloigné des études de médecine et du monde scientifique.
De fait, des questions très périphériques, voire déroutantes, avaient été posées, plongeant les étudiants dans le désarroi complet. Désormais ces oraux devront permettre aux aspirants soignants de montrer « qu’ils disposent des compétences nécessaires pour accéder aux formations de médecine, de pharmacie, d'odontologie ou de maïeutique ». Une note précise que ces oraux ne peuvent pas porter sur le projet professionnel de l’étudiant.
Insuffisant pour le collectif PASS-L.AS
Le collectif PASS-L.AS 21, très mobilisé contre la réforme de l’accès aux études de santé – et qui s’était tourné vers le Conseil d’État pour réclamer l’annulation des textes – accueille ces modifications avec peu d’enthousiasme. « Nous en prenons acte mais, dans le fond, les évolutions apportées ne changent pas grand-chose, déplore Emmanuel d’Astorg, parent d’étudiant en médecine et président du collectif national. Les épreuves orales restent classantes et la façon d’évaluer reste toujours opaque, le jury est et restera souverain ».
Au-delà de la question des épreuves orales, une réflexion plus globale sur les deux nouvelles voies d’accès aux études de santé – les PASS (Parcours d’accès spécifique en santé) et L.AS (Licences d’accès santé) – semble indispensable pour vérifier si l’objectif de diversifier les profils des futurs médecins est atteint. Du côté des jeunes, les fédérations d’étudiants en santé ont déjà réclamé du changement avec une « licence unique », estimant que la réforme n’a pas réduit le bachotage, le stress, l’isolement et les risques psychosociaux. Au ministère, les groupes de travail lancés dans le cadre de la révision des oraux ont permis d’engager des discussions sur d’éventuels aménagements.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale