Comme chaque rentrée depuis 2018, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) publie son « indicateur du coût de la rentrée ». Un baromètre qui regroupe des chiffres actualisés* sur les frais moyens engagés à la rentrée par les étudiants en Pass, L.AS et première année d’externat.
Flambée des prix des prépas privées pour les Pass et L.AS
Pour cette rentrée 2023, l’Anemf s’inquiète d’une forte hausse des frais spécifiques de rentrée pour les étudiants en médecine. Ces frais (comprenant frais de scolarité, complémentaire santé, assurance logement, frais d’agence et matériel pédagogique) sont en augmentation en raison notamment de la montée très importante du prix des prépas privées.
« Les prépas privées étaient déjà très chères mais, cette année, on observe une augmentation très importante des tarifs des organismes privés », souligne Julie Le Saux, vice-présidente de l’Anemf en charge des affaires sociales.
Par exemple, pour les étudiants en Parcours d'accès santé scientifique (Pass) qui optent pour le tutorat étudiant ainsi que pour une préparation privée, les frais spécifiques de rentrée s’élèvent à 7 415 euros en moyenne, soit une hausse de 3,3 % par rapport à l’année précédente.
Pour les étudiants en Pass qui optent uniquement pour du tutorat étudiant, les frais sont moindres et diminuent même. Ils s’élèvent ainsi à 1 829 euros en moyenne (-0,7 %).
Pour les étudiants en L.AS qui suivent une préparation privée, les frais spécifiques de rentrée s’établissent, en 2023, à 5 190 euros en moyenne, soit une hausse de 14 % par rapport à l’année dernière. Pour les L.AS qui font le choix d’un accompagnement uniquement tutoral, les frais spécifiques de rentrée sont de 1 765 euros en moyenne (-0,8 %).
Encourager le tutorat étudiant
Pour Julie Le Saux, la réforme d’entrée dans les études de santé (suppression de la Paces, ndlr) mise en place en 2020 est un prétexte utilisé par les organismes privés pour gonfler leurs prix.
« Les organismes privés profitent de ce changement pour augmenter leur prix et développer des nouveaux parcours spécifiques pour les L.AS. Avec cette nouvelle formule, les étudiants sont davantage stressés et parfois prêts à fermer les yeux sur les prix », analyse l’étudiante.
En moyenne 345 fois plus élevé qu’un tutorat étudiant, le coût d’une prépa privée « ne doit pas être précarisante ou source d’inégalités sociales », estime l’Anemf.
C’est pourquoi l’association étudiante encourage les universités à soutenir les tutorats étudiants aux niveaux « matériel, financier et pédagogique ». Par ailleurs, ces structures que sont les tutorats, reconnues annuellement par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, doivent devenir « les interlocuteurs privilégiés des lycéens concernant le Pass et la L.AS », juge l’Anemf.
L’externat, pas épargné
Les coûts spécifiques engagés par les étudiants au moment de leur entrée dans le deuxième cycle des études de médecine sont eux aussi significatifs. Les épreuves nationales (EN) qui se déroulent lors de la sixième année nécessitent un matériel pédagogique important pour l’apprentissage et la préparation des épreuves.
Les référentiels de spécialités (livres universitaires, ndlr) constituent donc le premier poste de dépenses en matériel pédagogique pour les étudiants. « Nous avons au total une quarantaine de livres à acheter et chaque livre coûte en moyenne entre 40 et 45 euros », renseigne Julie Le Saux. Selon l’association, l’achat de l’ensemble des référentiels existants nécessaires à la préparation des EN représente une dépense moyenne de 1 397 euros s’ils sont achetés neufs.
S’ajoute à cela le coût, pour certains étudiants, de prépas privées. « Entre 500 et 900 euros l’année », selon qu’elles sont en ligne ou non, estime Julie Le Saux.
De manière générale, en 2023, les frais spécifiques de rentrée pour les étudiants entrant en quatrième année d'études de médecine sont en hausse par rapport à l’année dernière.
Un étudiant bénéficiant d’un accompagnement tutoral en plus d’une prépa privée en présentiel devra débourser environ 5 322 euros pour son année (+7 %). Un étudiant optant uniquement pour un tutorat étudiant devra, lui, débourser 4 406 euros en moyenne (+8 %).
Des frais de la vie courante dopés par l’inflation
S’ajoutent à ces coûts spécifiques propres à chaque niveau les frais de la vie courante. Ceux-ci sont en augmentation (+6,5 %) observe l'association, « en raison notamment de l’inflation », pointe Julie Le Saux. En 2023, ils devraient s'élever à 1 035 euros par mois en moyenne, qu’il s’agisse d’un étudiant en Pass, en LA.S ou en quatrième année d’études de médecine.
Précisément, ces frais (comprenant loyer, repas, équipements divers, téléphonie, internet et transports) s’établissent en moyenne à 999 euros en région et à 1 218 euros en Île-de-France. Le loyer représente 50 % de ce poste de dépenses…
Des frais loin d’être couverts par la rémunération (219 euros par mois net) perçue par les étudiants externes lors de leur stage en alternance à l’hôpital. À raison de cinq demi-journées par semaine en moyenne sur l’année (réalisées en temps partiel ou temps complet), leur rémunération correspond à un salaire horaire moyen de 2,21 euros net.
L’Anemf appelle donc à un alignement de la rémunération des étudiants hospitaliers sur celle des autres étudiants stagiaires de même niveau d’étude, soit un équivalent de 4,05 euros par heure. Autres revendications de l’association étudiante en ce début d'année scolaire ? L’extension de l'indemnité d'hébergement de 150 euros brut pour les stages ambulatoires en zones sous-denses pour les stages réalisés en centres hospitaliers, ainsi qu’une révision de l’indemnité kilométrique.
*L’indicateur de l’Anemf reprend en partie les chiffres de l’indicateur du coût de la rentrée de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes). L’association ajoute à ces chiffres les coûts spécifiques liés aux études de médecine.
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