La Cour des comptes vient de rendre un rapport d’observations définitives sur l’université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne (Upec).Elle y fait notamment un focus sur les premiers résultats de la réforme des études de santé au sein de cette université et les juge « préoccupants ».
Mise en place à la rentrée 2020-2021, la réforme avait pris une forme singulière à l’Upec puisque celle-ci a fait le choix de créer uniquement des Licences accès santé (Las). L’université propose donc une Las santé dite « SPS » (licence sciences pour la santé), et quinze Las « disciplinaires » santé.
La Las « santé » accueille la majorité des candidats souhaitant accéder à la MMOP (médecine, odontologie, pharmacie, maïeutique). Elle propose un cursus essentiellement santé auquel s’ajoutent des enseignements dits « mineurs » dans d’autres matières. Pour les Las « disciplinaires » santé, c’est l’inverse. Leurs enseignements majeurs sont dans un autre cursus que la santé (sciences humaines et sociales, droit, sciences, etc.) et s’y ajoute une option santé.
Une réforme bien acceptée
La Cour des comptes souligne que la réforme a été bien acceptée dans cette université grâce à la gouvernance mise en œuvre : consultation de la commission de la formation et de la vie universitaire pour les modalités d’examen, approbation du nombre de places en conseil d’administration...
« Ainsi, contrairement à d’autres universités, les modalités d’examen, notamment pour l’oral prévu dans le cadre de l’admission, n’ont pas soulevé de contentieux spécifiques », souligne le rapport.
Dans le détail, sur la période 2021-2025, l’Upec s’est donné un objectif de formation de médecins plus élevé que celui que lui avait fixé le ministère de la Santé. L’université tablait sur 1 283 médecins formés (contre 1 150 sur l’objectif du ministère). Toutes voies d’accès confondues, le nombre de places offertes en 2e année de médecine est donc passé de 175 avant la mise en place de la réforme à 280 en 2021 par vote en conseil d’administration, soit une augmentation de près de 40 %.
Un taux de réussite préoccupant
Au niveau du bilan, la Cour des comptes rapporte que 76 % des étudiants qui souhaitent intégrer la filière médecine optent pour la Las « santé », un chiffre qui n’est pas forcément positif au regard d’un des objectifs de la réforme qui était la diversification des profils. Néanmoins, le taux de réussite en médecine est plus élevé en 1re année de Las « disciplinaire » par rapport à la Las « santé ».
« Si ce constat conforte l’objectif de diversification recherché, il interroge sur la diminution du taux d’échec en médecine pour les étudiants en Las « santé », que vise également la réforme », tempère le rapport.
En effet, ce taux reste très élevé puisque seuls 21 % de ces étudiants réussissent en médecine après la première année de Las « Santé ».
La Cour des comptes explique que le nombre de places ouvertes en Paces puis en Las « santé » est croissant depuis 2015, mais celui dans la filière médecine, même s’il est aussi en augmentation, ne l’est pas dans les mêmes proportions. Cela contribue donc « à élever le seuil d’accès à la MMOP et à la médecine pour les étudiants de la Las santé », analyse le rapport.
Même si la Cour des comptes conclut que les dispositifs mis en place dans l’université ont permis une augmentation significative du nombre de places et de possibilités offertes aux étudiants à l’issue de la 1re année et de la 2e année de Las, elle formule un point de vigilance sur l’important taux d’échec en filière médecine à l’issue d’une 1re année de Las « santé ».
Une évaluation recommandée
« Cette situation doit conduire l’Upec à s’interroger sur les dispositifs d’accompagnement mis en place pour ces étudiants, sur la construction de ces parcours et en lien avec le rectorat, sur la cohérence entre de la capacité d’accueil en Las « santé » sur Parcoursup au regard du nombre de places en médecine défini dans le numérus apertus afin de renforcer le taux de réussite conformément à l’esprit de la réforme et de la loi ORE », conseille le rapport.
Dans sa réponse à la Cour, l’Upec confirme la nécessité de mettre en place une évaluation basée sur « la création d’indicateurs de réussite » dans les différentes Las, « la mise en place de suivis de cohortes des deux promotions primo-entrantes (2020-2021 et 2021-2022) », et « une appréciation des attentes des étudiants » postulant aux Las disciplinaires.
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