Deux ans après, ça bouge mais le chemin reste encore long. En janvier 2017, l’association pour une information médicale indépendante (Formindep) publiait pour la première fois un classement des facs de médecine en matière d’indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. L’association s’était inspirée de ce qui se fait depuis plus de dix ans outre-Atlantique, où l’association nationale des étudiants en médecine américains (AMSA) publie chaque année un classement des facs américaines en utilisant 14 critères.
Ce premier classement Français avait démontré que la plupart des universités n'avaient pas mis en place de politique ou alors une « politique permissive » vis-à-vis du financement par les laboratoires (cadeaux, honoraires, défraiement de voyages, soutien pour la publication d'articles...). Cette enquête de Formindep et de l’Anemf (association nationale des étudiants en médecine de France) a malgré tout réussi à faire bouger un peu les lignes puisque quelques mois plus tard, les facs de médecine se dotaient toutes d’une charte éthique pour se prémunir des conflits d’intérêts.
Tours en tête
Pour autant, le changement prend du temps. Le nouveau classement de Formindep, révélé ce mardi, s’intéresse donc cette fois-ci à la mise en place effective de cette charte. Son adoption par les facultés, l’examen du cumul d’activités, la mise en place de cours sur l’intégrité scientifique et les conflits d’intérêts pour chaque cycle, les déclarations publiques d’intérêts des instances ou enseignants ou encore la transparence des financements font partie des 21 critères qui permettent d’obtenir jusqu’à 36 points. Le questionnaire a été envoyé aux doyens et aux organisations étudiantes. Résultat des courses, la faculté de Tours est la seule à obtenir la moyenne avec 20 points sur 36 possibles. Lyon Est (15 points), Toulouse Rangueil et Nice (14 points) suivent ensuite.
Un classement comme piqûre de rappel
Peu de facultés ont par exemple pris des mesures afin que les étudiants ne soient pas mis en situation de recevoir des cadeaux ou des repas. Deux facultés ont un enseignement sur les conflits d’intérêts et l’intégrité scientifique en 3e cycle. Et seule l’université de Toulouse Rangueil a rendu public sur son site les financements reçus de la part des firmes pharmaceutiques et des organismes privés. Même si cette charte a initié un mouvement dans les études de médecine, les choses avancent encore lentement. « Ça ne va pas vite on le sait, mais sortir ce classement rapidement après l’adoption de la charte permet aussi d’encourager et valoriser les initiatives qui ont déjà été mises en place », explique Luna Potiron, vice-présidente en charge des réflexions éthiques à l’Anemf. L’objectif est aussi de rappeler que les étudiants souhaitent que cette charte ne reste pas lettre morte. « Aux États-Unis, c’est aussi la répétition de ces classements qui a permis de faire bouger les choses », souligne l’étudiante de 4e année.
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