« Un accident de la route à proximité du cabinet m’a poussée à réagir vite. J’ai tout de suite délégué l’appel au SMUR et de mon côté j’ai essayé un premier diagnostic de la personne incarcérée dans la voiture. Je me suis assurée qu’elle n’avait pas perdu connaissance, qu’il n’y avait pas de grosses fractures et que son pouls était régulier. Et puis je ne l’ai pas lâchée jusqu’à l’arrivée des secours », explique le Dr Barbara Traitin installée récemment à la Chapelle d’Armantières (Nord).
Accident, crise de colique néphrétique, blessure hémorragique, malaise cardiaque, œdème ou choc anaphylactique... le jeune médecin doit parfois intervenir face aux urgences, petites ou grandes, qu'il soit à son cabinet ou en dehors ! Selon le code pénal : « Sera puni des mêmes peines quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours ». Et le code de santé publique complète : « Dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le médecin s'engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s'il y a lieu, à l'aide de tiers compétents. »
Toujours prêts
Si la formation initiale a préparé le médecins aux procédures en situation d'urgence, la formation continue et la remise à niveau sont de bonnes piqûres de rappel. « On a des réactions de bon sens et des réflexes évidents, souvenirs de notre formation initiale, mais il est des gestes, comme pour moi l’intubation que je ne maîtrise pas bien », explique le Dr Traitin.
Pour rester au niveau, il existe plusieurs solutions. Ainsi, un confrère conseille de se faire des fiches techniques pour mémoriser les procédures et la gestion des urgences quand elles se présentent : obstruction, hémorragie, inconscience….
Savoir gérer son stress
La maîtrise de son stress est le premier gage de sécurité du patient. La formation spécifique aux urgences, en prévention, prend tout son sens pour mettre en place les protocoles et les recommandations. Cet état d’esprit aide le jeune médecin à différencier l’urgence ressentie de l’urgence vitale au téléphone ou in situ et d’engager la prise en charge médicale dans un cadre légal. « Si je reçois l'appel d'un patient qui présente les symptômes d’un infarctus du myocarde, et qu'il insiste pour que je passe, ma priorité reste l’évaluation de la perte de chance si j’interviens avant de contacter le 15 . Cela m’est arrivé et du coup j’ai coordonné l’arrivée des secours, » explique encore Barbara Traitin !
Le médecin doit avoir en tête, quelle que soit la situation, de composer ou faire composer le 15, l’appel des secours d’urgence, puis de déléguer la prise en charge médicale à un tiers compétent dès que les secours sont sur place.
La communication avec le malade et son entourage est indispensable, le médecin ayant une obligation d’information. Laisser aussi une trace de ces informations données est aussi recommandé.
Le bloc papier, les feuilles de remboursement et l’ordonnancier constituent ainsi les éléments de traçabilité de l’intervention médicale. Un suivi post-urgence est aussi conseillé ; un coup de fil ou une visite scelle la prise en charge !
De bons outils à portée de main
Etre bien équipé est aussi indispensable pour une intervention efficace. Ainsi le téléphone et son chargeur sont à emporter en toutes circonstances d’appel d’urgence.
Bien pensée, la sacoche doit permettre de faire face à l’imprévu ; son coût s’élève approximativement à 1 700 euros. Elle doit être revue et réapprovisionnée régulièrement. Ainsi le médecin doit contrôler les dates de péremption des médicaments qui s’y trouvent et les renouveler en pharmacie en spécifiant leur usage professionnel. La moyenne annuelle de son utilisation est de 9,4 fois par an, selon une étude prospective (thèse*). La trousse « prête à l’emploi » existe, c’est une base mais rien n’est obligatoire. L’association REAGJIR, Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants publie sur son site une liste des indispensables de la trousse de base. A chaque praticien de se préparer alors au mieux !
Ce que doit contenir votre trousse d'urgence
Pour être prêts à intervenir en toutes circonstances, les médecins doivent avoir sous la main une trousse d’urgence bien équipée. Que doit-elle contenir ? En s'appuyant sur les suggestions de Reagjir et de l'Isnar-IMG, nous avons établi une liste de tous les éléments importants.
Afin d'être prêt sur le plan administratif, la trousse doit comprendre des ordonnances standard ou bi-zones, sécurisées et non sécurisées, et des feuilles de soins (ou lecteur FSE portable). Le médecin doit également avoir à sa disposition un grand nombre de certificats (bons de transport, arrêts maladie, accidents de travail, certificat de décés, des modèles de certificat type pour les coups et blessures, hospitalisation à la demande d'un tiers, hospitalisation d'office…), mais aussi une feuille listant les principaux actes de la nomenclature, ou un répertoire d’adresses et de numéros utiles.
Parmi le matériel médical indispensable, figurent les éléments suivants :
• Stéthoscope
• Tensiomètre
• Lampe
• Abaisse-langues
• Otoscope avec embouts et piles de rechange
• Marteau à réflexes
• Gants non stériles
• Vaseline
D'autres matériels médicaux peuvent être utiles :
• Anse de Snellen (pour nettoyer conduits auditifs)
• Thermomètre
• Bandelettes urinaires
• Tests de Diagnostic Rapide (angines bactériennes)
• Solution HydroAlcoolique de désinfection des mains
• Débitmètre de pointe + embouts
• Lecteur de glycémie
• ECG
• Spéculums
• Gants stériles
• Collyre de Fluorescéine
Voici le matériel thérapeutique indispensable :
• Seringues de 1, 5, 10 ml
• Compresses stériles 20 cm x 20 cm
• Bistouris à usage unique
• Rouleau de sparadrap
• Deux garrots
• Une boîte de récupération des aiguilles
• Une paire de ciseaux tout usage
• Masque ou embout buccal pour bouche à bouche
Pour compléter la trousse, voici le matériel thérapeutique utile :
• Un set de suture
• Sutures autocollantes
• Une paire de petits ciseaux à bouts pointus
• Gants stériles
• Une chambre d’inhalation adulte et enfant
• Compresses alcoolisées en sachets individuels
• Compresses 40 cm x 40 cm
• Mèches
• Une paire de pince Kocher
• Une pince à disséquer
• Tulle gras
• Matériel d’immobilisation pour genou, cheville
• Pot à ECBU
• Tubes de prélèvement
Pour un exercice plus spécifique, un matériel d’urgence peut compléter la sacoche :
• Couverture de survie
• Ballon d’insufflation + 3 masques (adulte, enfant, nourrisson)
• Canules de Guedel (00, 0, 1, 2, 3)
• Laryngoscope avec lames 2-3-4
• Paire de pinces Magill
• Kit de sondage urinaire
• Bombonne d’oxygène
• Cathéters périphériques
• Nécessaire à perfusion
Des médicaments indispensables et d’usage fréquent peuvent compléter la trousse :
• Soluté de réhydratation orale
• Amoxicilline
• Aspirine
• antiseptique local (type Bétadine)
• eau stérile, NaCl en ampoules pour préparation injectables
• G 30 %, ampoules de 10 et 20 cc
• Triptan injectable
• Furosémide
• Trinitrine en spray
• Fosfomycine
• Morphine
• Paracétamol
• Polaramine amp. 5mg/ml 1/2 amp. SC ou IM chez > 3 ans
• Anti-inflammatoire (type Ibuprofène)
• Métoclopramide
• Rifamycine collyre
• Ceftriaxone injectable 1g
• Méthylprednisolone
• Antispamodique (type Phloroglucinol)
• Diazépam
• bronchodilatateur de courte durée d’action (type Salbutamol)
D'autres médicaments sont également utiles quoi que d’usage moins fréquent :
• Antalgique non morphinique d’action centrale (type Nefopam 20mg/2mL Voie IM)
• Adrénaline 0,25, 0,5, 1mg/ml ou stylo pour voie IM – 0,5mg chez l’adulte. 0,01mg/kg chez l’enfant pour intervenir en cas de choc anaphylactique
• Atropine
• Charbon actif
• NaCl 9‰ 250cc ou 500cc ; G5 idem
• Inhibiteur de l’anhydrase carbonique (type Diamox*) pour le traitement du glaucome aigu
• Glucagon : surdosage insuline, hypoglycémie sévère
• Halopéridol (5mg/mL): 1à 2 mg IM si agitation aigüe
• Héparine de Bas Poids Moléculaire
• Inhibiteur calcique (type Nicardipine 20mg cp)
• Naloxone
• Soluté de remplissage de type macromolécules
• Vitamine A pommade ophtalmique
• Xylocaïne
Le médecin devra veiller à toujours avoir dans sa voiture un plan de la ville, un carnet et un stylo, mais aussi une lampe (frontale) s'il est amené à intervenir la nuit ou dans un endroit sombre.
*Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de docteur en médecine : Composition de la trousse d’urgence des médecins généralistes du secteur 64B : étude prospective, proposition d’une fiche type Guillaume Camdeborde 2014
A.C.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale