Face aux tarifs affichés par certaines banques pour l’ouverture d’un compte bancaire professionnel, il peut arriver qu’un généraliste en voie d’installation hésite. « Est-ce vraiment une dépense nécessaire ? » « N’est-il pas possible de commencer mon activité avec mon compte personnel, et de voir ensuite si j’ai vraiment besoin des services "pros" proposés par la banque ? »
En théorie, la question peut se poser : en dehors des structures de type Société d’exercice libéral (SEL), qui doivent bien sûr en tant que société avoir leurs propres comptes, la loi autorise les exploitants d’entreprises libérales individuelles qui exercent sous des régimes comme celui des Bénéfices non commerciaux (BNC) à mélanger compte professionnel et compte personnel.
Mais dans la pratique, il s’agit d’une mauvaise idée, voire d’une très mauvaise idée. « Avoir un compte dédié quand on exerce en libéral n’est pas une obligation légale, mais c’est une forte recommandation », confirme Béchir Chebbah, président de l’Union nationale des associations agréées (Unasa), un réseau qui revendique 245 000 professionnels libéraux indépendants adhérents dont 60 % de professionnels de santé.
Une question de simplicité
Cet expert-comptable considère que l’ouverture d’un compte dédié est « un très bon réflexe à avoir », et ce dès le début de l’exercice. Il avance plusieurs raisons pour justifier sa position. « Tout d’abord, séparer ses comptes est un bon moyen de mesurer les résultats de son activité professionnelle », indique-t-il. Un compte dédié à l’activité professionnelle n’enregistre en effet par définition que les écritures liées à l’exercice professionnel. Les autres entrées (éventuels loyers si le médecin possède des biens immobiliers, par exemple) en sont exclues, ce qui simplifie l’analyse.
Par ailleurs, le choix d’un compte dédié à son activité professionnelle simplifie grandement la comptabilité. « Avoir un compte unique pour ses activités professionnelles et personnelles augmente le nombre d’écritures », constate Béchir Chebbah. Voilà qui augmentera le temps passé par le praticien à faire sa comptabilité s’il décide d’effectuer cette tâche seul, et qui renchérira le coût de la prestation s’il décide de la confier à un professionnel. « Et puis, on n’a pas forcément envie qu’un tiers regarde toutes nos dépenses personnelles », ajoute le président de l’Unasa.
Autre argument souvent invoqué en faveur de l’ouverture d’un compte dédié à l’activité professionnelle d’un médecin : l’argument fiscal. Si l’administration, lors d’un contrôle, se trouve en face d’un médecin qui a séparé ses comptes, elle ne s’occupera que du compte professionnel, et n’ira voir les comptes privés qu’en cas de doute. « Mais dans le cas d’un compte mixte, le fisc aura tendance à considérer toute entrée d’argent qu’il ne peut pas facilement justifier comme un revenu d’activité », avertit Béchir Chebbah. Et à le taxer en conséquence, bien sûr.
Surtout, ne dites pas à mon banquier que j’ai un compte pro !
La messe est donc dite : se passer d’un compte dédié est une idée à écarter. Cette pratique, qui a pu avoir cours à une époque, est d’ailleurs devenue rare, selon Béchir Chebbah. « Bien sûr, certains nous posent la question parce que les banques prennent des frais un peu plus élevés quand le compte est déclaré comme un compte professionnel », constate l’expert-comptable. Ce à quoi il répond que nul n’est obligé de déclarer à sa banque qu’il s’agit d’un compte professionnel. « On peut tout à fait ouvrir un compte privé et l’utiliser pour son activité », indique-t-il.
Bien sûr, une telle décision revient à se priver des services que les banques destinent généralement aux professionnels : crédits à des taux plus avantageux que ceux offerts aux particuliers, lignes spécifiques pour les équipements, frais moins élevés sur les virements importants… Mais on n’a rien sans rien !
A.R.
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